Cette fois-ci, c’est celle de trop. Il m’a tuée, ce con. Il ne s’en est même pas rendu compte, dans l’état où il est. IL a ri d’abord, frappant sans faire exprès, mais le cou dans l’aine, le coup sur la nuque, là, il a rien senti. Je le regarde s’acharner sur mon corps. Il voudrait que je crie, que je gémisse, que je l’implore. ça l’excite, ce con.
Je ne lui en veux même pas. Je voudrais lui dire que ce n’est pas la peine, qu’il se fait du mal, à lui aussi. Et puis qu’il cesse de se battre contre tout, que peut-être c’est pas le chemin qu’il veut vraiment. Je suis morte, il va comprendre, c’est sûr.
Je voudrais… rien, en fait. Je m’en fous. Je suis fatiguée d’être lasse. Je voudrais foutre le camp mais je reste là.
Je suis un ballon d’hélium attaché à la poignée d’une valise abandonnée sur un quai de gare. Dedans, ma colère, mes regrets, mes enfants qui n’ont pas vécu, mes rêves de prince charmant. Bien pliés, rangés. Toute ma vie j’ai traîné cette valise. Alors là, qu’il m’ait frappé plus fort, ça me réveille presque. C’est ici que je sais à présent.
Au fil des années, cette valise est devenue de plus en plus lourde. Coffre et malle de mes choix. J’ai renforcé les fermetures, multiplié les cadenas. Le poids de ce que j’aurais pu… J’aurais dû… Avec lui, et lui et un autre, j’aurais cru qu’une fois de l’autre côté, tout serait facile.
Mais c’est cette foutue la valise qui me retient.
Et ici, dans le noir, tout autour de moi, d’autres bagages. Elégantes valises en peau de porcs, sacs à dos en Nylon, sacs de toile avachis, attachés-cases, fourre-tout, balluchons de cotonnade, baise-en-ville, cantines d’aluminium, antiques malles de cabine en acajou poli. Certaines fermées, et moi, je ne suis que ce ballon attaché à la poignée de ma petite valise brune. D’autres grandes ouvertes, vides comme le cocon que l’insecte a achevé dans sa dernière mue. Détache-moi… S’il te plaît…Je suis fatiguée… frappe le dernier coup. Là… entre mes deux yeux… au milieu de l’arcade. Frappe et tais-toi enfin pour que j’adopte le répit. Tu sues… assieds toi près de ma carne et observe… je pars.
(Illustration de Munch)


Dérive dans l’éther infini et retrouve tes rêves intacts qui attendent ton retour depuis l’aube de ta vie…
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n’est il pas le crépuscule de tes désirs ?
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la désormais célébrissime femelle du requin qui ne mange jamais les moules puantes !
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c’est parce que je sais tout à fait ce qu’est une moule puante, j’en ai adopté une pour remplir mon vide!
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