ma vie

À la manière de Valérie Mrejen et son livre « Grand-père »

 

Ma tante Paule a cet imperceptible besoin de s’identifier aux vedettes de cinéma, alors elle fanfaronne un « I’ll be back » en se dirigeant vers les toilettes ou hulule un « poupoupidou » de crécelle quand Tonton Guy la pénètre et qu’il va jouir.

 

Ma mère et moi nous ressemblons beaucoup pour nos problèmes de pilosité faciale.

 

Un jour qu’une infirmière faisait la toilette de mon arrière grand-père André, j’ai vu son sexe mou et fripé. J’ai gardé cette image jusqu’à mon premier rapport avec un sexe masculin, quatre ans plus tard.

 

Grand-père Mimile excite les crapauds qui se préparent à la parade nuptiale au printemps, invitant la femme échaudée à l’excitation ultime en imitant le mâle dominant avec ses pêts foireux.

 

Ma mère est une réplique parfaite du cliché que joue Josiane Balasko dans « Gazon Maudit » alors que sa copine est exactement le contraire esthétique de Victoria Abril.

 

Mon père est un bigot qui s’est marié quatre fois, peut-être à cause de son Alzheimer.

 

Pour un job d’été, j’ai travaillé en tant que serveuse dans un bar qui se nommait « le repaire des sangliers ».

 

Mon petit frère est un enfant adopté qui me ressemble comme mon autre goutte d’eau.

 

J’ai poussé la grande tante Marie dans les escaliers parce qu’elle n’allait jamais assez vite en descendant devant moi. La chute qui a cassé son col du fémur, elle n’a jamais plus su marcher.

 

Mon arrière grand père André faisait de la résistance ergonomique, il fabriquait des barques avec un défaut de coque pour les nazis qui emmenaient promener les jeunes filles du village, ce qui provoquait le coulage des barques après cent mètres de dérive au milieu du fleuve.

 

Ma petite sœur donne des caramels mous aux colverts du parc pour qu’une fois leurs becs collés, ils étouffent.

 

J’aime le ball trap mais déteste la chasse.

 

Ma mère étant toujours trop absente, je feintais régulièrement une maladie mortelle afin qu’elle reste à côté de moi pour m’embraser, mais vu que j’étais allergique à son parfum, je finissais toujours par vomir sur ses genoux.

 

Mon Grand-père répare les fusils et les pistolets des gendarmes locaux, qui reviennent chercher leurs armes à l’heure de l’apéro qu’il consomme avideme
nt avant d’aller buller derrière des virages pour choper les paysans en état d’ivresse à la sortie du bistrot.

 

À 12 ans, je me caressais sur des livres de poche porno en pensant au cantonnier autiste qui m’avait mis la main dans la culotte quand je faisais mes devoirs au fond de la salle du café restaurant de mes grands-parents.

 

Ma grand-mère Monique mets de la colique de chiens de chasse purgés sur les poignées de portails des voisins qui pratiquent le tapage nocturne.

 

J’ai longtemps caché mes culottes de règles salies sous mon lit parce que j’avais honte de les mettre au linge sale.

 

Ma mère ne m’a jamais emmenée en vacances, sauf une fois, quand j’avais 13 ans pour rejoindre une de ses copines en Bretagne et m’inscrire au Club Disney pour les enfants de 5-12 ans.

 

Mon père a fait une déprime. Il n’a pas parlé pendant deux ans.

 

J’ai été mascotte de l’association des anciens marins de Seine-et-Marne. J’ai donc du défiler chaque année en robes et chaussures vernies blanches avec un tonnelet de rhum autour du buste et un capot sur la tête.

 
 
(et c’est que le début)