L’Ivresse de la jOUIssance

L’ivresse de la jouissance ou l’abandon de soie salvateur (dédicace à Alina Reyes)

 

Je suis un atome, une cellule nerveuse, une molécule sans bouche, ni trou. Je suis une membrane spasmophile. Mes traits s’étirent sous la pression d’une langueur vagabonde. Epuisée, ma chair s’écarquille. Les traces de désert s’estompent. Mes contours escarpés, mes lignes rugueuses d’aspérités se ramollissent, noyés dans les sucs primitifs.

Le miroir, flagellé de regards sibyllins, écarte ses reflets. Sur ses côtés, il craquelle les acquis.

 

Il n’y a pas de passé ici.

Tout est nouveau, perturbant, choquant.

 

Je suis un acarien, un parasite de bite, un clou dans mon cerveau, sans raison, ni fortune. J’ai l’ongle sardonique qui pétrit mes pores gluants. Esquissé, mon désir apatride plonge dans des flaques d’eaux éthérées, il esquive l’épicentre. L’attention s’asperge de poussière anthracite pour dépérir dans un cri boueux. Le bourreau siffle un requiem pour le Moi. Je perce mon front d’un pic de glace. La langue coincée dans mon écorce, je grave mon non dans la sève translucide.

 

Il n’y a pas de présent ici.

Tout est nouveau, perturbant, choquant.

 

Je suis un lierre, une herbe fine, un brin de gui sans but, ni famille. Je niche au creux des sillons, coincée entre deux branches lézardes. Les murailles m’étreignent de leurs poignées, leurs pinces épineuses pénètrent mon antre de levure. Je suis sacrifiée, encerclée de vibrations sismiques… rhapsody in foutre… sa mélodie du bon leurre… les phalanges accrochées aux genoux, je trempe mon cou dans la lave dégoulinant le long de mes poils.

 

Il n’y a pas de futur ici.

Tout est nouveau, perturbant, choquant.

 

 

© Milady Renoir

 

(art by David Hlynsky)