Obsessions cosmogoniques
Le. Il parcourt traverses, ruelles, issues et sillons. Le séduit les branches, apprivoise les racines. Le est un genre humain, imbibé de divin. Il souffle dans la terre, crache dans l’antre, poursuit la ligne. Le est unique et semblable tout autant, il déverse des options de forces dans des bennes et des bacs. Le lave les bitumes, se cache dans la résine, s’immerge dans les rus.
Le est là, près et en moi.
Le porte le nom, l’absence et le manque. Le accroche les identités, crèche dans l’animalité, se joue de faciès comme des mains sans doigts qui jouent aux dés.
Le est sourd mais perçoit les battements diffus des palpitants rougissants. Le est aveugle mais transperce la lumière de ses crocs lustrés. Le est hagard mais tranche des lignes droites à coup de charrues.
Le est en moi parce que Je suis en lui. Le agrippe mes muscles à chaque pas, Il dresse mes chairs dans le sens debout. Le me caresse, me violente, m’intègre, me rejette. Le est l’amant qui ne jouit jamais. Le savoure mes joies et déchire mes angoisses.
De l’ongle à la veine, Le est là, près de Je. Je suis lasse de ce Le attisant mes réalités. Parce que Le est tout, Je suis rien, pourtant, imprégnée de Le, Je suis tout. Le m’aime, j’aime le. Je crains Le qui est en moi, je crains que j’ai peur de moi. Le est un Je qui sait. Nous sommes le pour qu’il soit.
© Milady Renoir

