Le vélum dans les dents, elle parcourt les essieux des radeaux à aubes. Les têtes des autres convoitent les vagues, entre riches strates phréatiques, et faciès maussades. Il se peut que le tour soit trois tours, mais le souffle hurle, si robuste son cri que le manège s’estompe derrière les caves. Ses doigts irréguliers pénètrent les tranchées charnières. Elle franchit les ondes de choc par à-coups. Les néons basculent dans les plafonds et tout roule sur la ligne blanche.
Espace. Ligne. Espace. Ligne.
Dring… alarme pestilentielle.
L’antichambre allume les clous, un à un, les lucioles dans les viscères brûlent les arches, divisent les particules élémentaires. Tout est étincelant, blême, avide d’intervalle. Les autres, cliquetis en avant, ratissent les peaux, les poutres de chairs. Ils sourient tendrement face à l’issue cloisonnée. Parce que la Sombre comédie avance à pas de lionne. Elle déchire une démarcation de ses canines cinglées. Mais l’autre résiste, parce qu’il y a encore des boyaux à tordre, des silences à paralyser.
Creux. Chair. Creux. Chair.
Ding… cloche divine.
Et sans déraison, les cheveux dans le liquide translucide, elle annonce son refus, sa démission.
Le subreptice dans le regard, elle plonge dans le retour, appréhendant une chute salvatrice. Les autres décousent ses toiles moirées, partagent son désir en pièces démontées, salivent le goût de son sang, mais ne franchissent jamais la ligne.
Terre. Pleine. Terre. Pleine.
Sing… aria post mortem.
Après tout, ce n’est après.
© Milady Renoir

