Chère mouche
Pourriez vous, s’il me plait, cesser de tourbillonner autour de mes miels et confitures, de ne pas saboter toute ma tentative d’élevage de bêtes à Bon Dos, de ne pas déposer vos chiures à la surface de mes nappes phréatiques, de ne pas, non plus, battre des ailes légères devant mes iris, comme si votre parade pouvait simuler une ruche de fines abeilles travailleuses tandis que votre vol est lourd, abrutissant et pervers. Une mouche n’a pas l’attrait du papillon, mouche née ver, morte asticot.
Vous êtes une mouche à merde, jolie, certes, utile, sûrement, et peut-être tout à fait lucide face à votre état primal mais votre tournoiement, votre manège, votre va-et-vient, vos simagrées de bosses lorsque vous heurter la vitre, me fatiguent.
Vous n’avez d’affection que votre nécessité de virevolter, de rapport que de piquer les hannetons, vous n’assumez même pas votre condition de mouche à merde, de mouche beurrée de déchets, votre future absence est la condition de ma patience.
En une autre crotte, vous auriez été vampire, strige accroché par les pattes arrière ou virus de pores, ténia transparent agglutiné aux tripes.
Le bruissement de vos élytres ne trompe plus aucun insecte, la tapette est votre propre précarité, votre mort annoncée par votre principe éphémère est un soulagement que je ne sais contenir.
Mal à vous
La patiente.

