« …there is a certain insurmountable limit to what one is permitted to tell people about people… »
Il y en avait un, un premier, un dernier, un de ces cruels qui crèvent les années d’une dague vampirique, de ceux qui déciment après coups, et coûts, un devis d’avenir. Il y eut celui-ci, avec lui, ma promesse de n’en retrouver plus jamais aucun. Le gage de reconnaître ses congénères, ses locataires de l’enfer, ses attroupés au creux des tranchées. L’avoir cité mille fois, le rend mort et dévivifié. Je l’ignore quand je vis.
Entre temps, un bon, un beau, un vrai me donne le vrai ton. Celui qui le conjure, l’essore et le calcifie. Celui là est gardé dans ma crinière aguicheuse, dans mon violon d’angoisse, dans ma joue d’émotion.
Je le tais pour mieux l’aimer. Refaisons le propos premier.
Mais le premier, ce dernier eut un fils, un descendant d’outre trombes, tel un aïeul renversé, abject. Les pieds pétris dans un mystère de miel et de frelons, il fut le deuxième second, le mousse du navire fantôme. Ses cheveux maïs, son odeur crispante, ses ongles rangés, ses parties satinées, tout avait le contraire du premier, du dernier, sauf que le loup revêt la peau de l’agneau quand il faut sustenter la manie. J’avais lu le conte, avalé la couleur, mais ignoré la morale. Pauvre d’émoi.
Et
L’ogre mystère usa de son orgueil maléfique pour convaincre la chose dominée que je fus, encore cette fois, il cria à l’ennui dans la tour, le désastre de la Dernière et la crainte de la Prochaine, la haine de toutes celles qui… Tout pour amenuiser son délire pervers de conquête affolé au milieu des gésiers féminins. L’idiome alangui d’onguent antiseptique, de gratin analgésique, couvrit les boues dormant sous un nénuphar soyeux, à la carnation passionnée. J’ai senti les coins du dé pipé s’enfoncer dans mes rayures. Sans fermer le nez, j’ai irrigué mes ondes des pincées de ce narcisse fanant. L’océan gris prit les devants. Je fus bercée par les ressacs vagabonds. Mais l’eau use de ce sombre et macabre canevas – abreuver d’abord pour finalement tout noyer –
La souillure prit son pied dans la confiance aveugle, je fermai les yeux d’apprentissage vertueux, pensant fleur bleue quand barbe bleue équeutait déflorée pâquerette. Je l’aime, lui non plus.
La dérive entraîna les rats, les souris, petites ouailles de laboratoire, tous déambulèrent devant le chat étirant ses griffes jusqu’aux limites de la cage ouverte.
Et je pris partie d’être de son parti. Cinglante Sirène reconvertie en Taciturne Brebis. Son auréole sulfureuse monta dans mes veines. Je jouai de craintes et de sourires tenaces. On admire le preux, le romantique, l’indomptable quand on a la disette pour souvenir primordial.
Et c’est au tour de l’agaçante légèreté du mal être d’évider le recul. Les résolutions ramollirent, je tins mes colères en étendard sans jamais déceler le massacre. Il était donc un second, plus obtus, plus sot, mais tout autant, récalcitrant à la liberté. Je méditais une retraite, espérais un écart, mais la lancinante guérilla tardée de l’ode à l’avant-hier, de la nostalgique avant-première me firent indécise.
Et
Il y eut cette action malsaine, ce regard perfide, le seul lucide qui donna le coût d’envoi, son cri infecté ressuscitant l’autonomie fusillée. Il y eut enfin, la déclaration de répugnance, l’ultime éveil en l’absence d’ignorance. Enfin, il eut la main putride qui siffla au dessus de ma tête découronnée.
Ce second tourmenté, arborant ombre vile et abîmes ontologiques, fut finalement dissolu dans un mépris qui me rend digne, à nouveau. Dans son obscène narcissisme déviant, il se gorgea de luxure dans son incapacité d’autrui, dans sa radicale extension d’ego aliéné, de Soi omnipotent. Puis il se gonfla d’un chant de coq piétinant les acquis au dessus d’un fumier hors feu astral, et partit en grief contre un monde q
u’il exècre. Et vice-versa. (le jugement est d’ici)
Je fus terrestre et brouillée, il succomba (peut-être) à son maelström trop organisé.
Et
Il retourne définitivement jouer aux cubes, grognant de n’avoir pu tenir le rôle de l’éclopé pendant si peu de mesures. Qui écoutera les jérémiades d’un zélé sourd-muet dans un monde ému ?
Je suis une courbe à virages, ce tournant là me rend la montagne, l’edelweiss et la neige reconquises, je moque le gouffre qui s’étale derrière mes pas, et qui gît aujourd’hui entre ses bras évidés de boucher trop ambré. Je m’épargne la parole d’un geyser venimeux, je réside dès à présent dans l’invalide choix de ne pas ratifier mon état d’esprit d’un quelconque mot d’ordre toutefois j’opine vers une souche ingambe et vertueuse.
La valeur de la vie n’attend pas les années, quoiqu’elle aspire aux pensées de clémente volonté.
Bulle à bulle, je recrache le savon. Le trottoir me rend belle, bien plus qu’un piédestal cynique.
© Milady Renoir
(Art by Ivan Pinkava )

