Parce qu’il faut mourir une fois vivant, il est difficile de reconnaître les coursier de mort sans l’avoir connue, elle.
Leur inextricable main noire percute nos joues, s’immisce entre les yeux, dans les narines, dans le vagin sans jamais considérer l’intrusion comme une entrée, mais bien comme une emprise spongieuse et gluante. Pourtant, nous nous délectons de certaines immixtions comme d’un appel au plaisir, aussi ténébreux soit-il.
Le porteur de cette main noire use de subterfuges sibyllins, de brusqueries affectives, navigue dans un virage ou dans une épingle. Il fuit la ligne droite… l’horizon rappelle l’abandon qu’il provoque.
Les visions droites, parfois justes, provoquent l’avance, et l’inertie endormit les faibles.
Ses avis, de ton plutôt intelligent, agrafent chacune de nos faiblesses à un pilori ambré, aux reflets mélancoliques. Mais il rêve seul d’un lot de victimes qu’il afficherait comme des goûts artistiques, des références vaillantes, perspicaces sur une d’ardoise ineffaçable. Ses proies sont affaiblies par la passion d’un cœur d’apparence infantile, son jeu est l’échec des pions qu’il inverse selon l’humeur.
Il a le corps léger, pour fuir plus clair, plus loin. L’esthétique est une parabole de ses entrailles putréfiées, comme un Dorian Gray stimulé par un organe élitiste et quelques membres bien agencés. Son âme est empruntée à quelques guerriers valeureux qui l’ignoreraient s’ils pouvaient le considérer, heureusement, son absence de vérité le rend invisible aux abords des nobles. Il n’a pas le maintien des paladins mais rêve d’élévation du haut d’un piédestal de sables acides.
Les dérives amusent son ego lavé par tant de souffrances qu’il collectionne derrière son éventail macabre. Casanova morbide, aux allures de Petit Prince endolori par une vie pourtant si contrôlée, se braque à la moindre critique, alors il crache, invective, offense, évitant alors les considérations novatrices et branlantes. Il doit alors choisir son matelas humain pour chuter vite mais doux sinon, la douleur du choc frontal avec la terre basse lui ramènerait une quelconque humanité. Et l’humanité est une piètre consolatrice…

