Ma gorge est un organe génital, reproducteur de silence et douleur, la partie sonore de ma jouissance ou de ma mortification. Elle est l’orifice idéal pour l’échange d’émotions. L’air, les sucs, les exsudations, la mort, tout rentre par ma gorge. La vie suinte le long d’une trachée, dans laquelle crache mère, homme et enfant. L’œsophage digère le sperme, la purée, la trahison au moyen de la même mécanique. Parfois l’affliction fore un tunnel parallèle, le long de passages furtifs, pendant une histoire, une anecdote, un soir. Et c’est une issue de soutien qui s’oblige, mais plus de trous forge le vide.
Ma gorge est une pièce de résistance, nouée, elle bloque l’haleine, la systole du thorax pour mieux garder l’envie. Elle est aussi désert, assoiffée, elle déclame les symptômes, le vomi, la bile et l’orgueil. J’avale couleuvres, principes et décadences grâce à ma gorge, qui gave mon organisme d’assemblées autophages, d’errances nébuleuses et d’ambigüités flottantes.
