Deux hommes, un monde

Hommes mages aux deux derniers performers vus en concert ce mois de février. Le premier, l’homme blessé, politique et poète maudit, BONGA. Même si aujourd’hui, l’homme n’en est plus au combat de 1972, avec son cri d’alors, étouffé dans sa gorge aplatie par la dictature, et qu’il préfère aujourd’hui, offrir à son public la fête, les rythmes cardiaques enjoués et les énergies positives dignes d’un homme de son âge, Bonga perpétue le langage du corps, des libertés, de la simplicité de l’être, même dans l’adversité et de l’expression de toutes les identités.

Un faciès souriant, bienveillant et taquin et une musique pour les jours sans soleil.

A écouter sans relâche : Mona ki n’gui xiça

 

Le second, Terry Riley, le sage à la barbe blanche et au crâne découvert sur les mondes, seul face à son piano ou accompagné de l’excellentissime ICTUS pour son superbe « In C », et

nous, centrés face à l’homme sourire et humble. Une rencontre de sommets, de transe, d’avide profondeur. Le minimalisme et la gloire de chaque son à portée d’oreilles, la composition chaotique et pourtant, si orchestrée d’un art musical pur, aussi illuminé que celui de Philip Glass. Terry Riley est le père de l’Ambient, un frère des musiciens des rues, des couloirs, des caves, il dirige avec le regard, qu’il a vif et reconnaissant face à la richesse de ce(ux) qu’il (qui le) rencontre(nt). Chaque son répété est une ode à la dérive, au ressenti à ne pas oublier, un tatouage dans l’âme… à peine revenue, je suis.