Fatigue saine face aux ouvertures de bouches intempestives…

Albert Londe - Hysterical-Epilepsy-Hallucinations-from-Iconographie-De-La-Salpetriere-Gicleeah oui, vous parlez, vous dites, vous exprimez, parfois même l’énoncé est clair mais la valeur ajoutée, terne. Si, si, je vois bien, oui, vous parlez, vous savez ouvrir la bouche, vous avez l’antre experte, le film tourne, si, si la gorge n’est point caisse de résonance mais il y a un effort, une tentation… ah oui, vous dites que, vous dites quoi, vous dites qui mais derrière la voix, le son s’échappe dans le souffle… vous respirez, vous mordez, vous pendez vos langues, vous roulez vos yeux, mais mais mais, je n’entends rien, je n’entends rien.
Ah oui, c’est vrai, vous avez raison, vous parlez, vous parlez, le langage galope, la musique défile,
fantaisie militaire, vous n’avez pas le courage des oiseaux, (ceux qui se taisent quand la nuit vient), bref, vous chantez avec vos culs serrés, je ne vous entends pas, j’observe mon doigt, il tapote sur la table, petit big bang comme dit la Chimie, la nappe se colore, peut-être du sang de gencives grinçantes, peut-être du sirop de fraise, la cuisine tourne, je suis là, l’utérus dirigé vers ma voie unique, sortant de Paris, de Bruxelles, de Londres et de Chartres, encore, les jambes en éveil, les cuisses ouvertes vers le temps qui arrive comme il veut… je baille, je baille en haut, en bas, je baille, tout s’étire, vous parlez encore… vous avez tous les droits, les lois, les panneaux, vous parlez tant et si rien.
je suis derrière la fenêtre, la rue dans l’oeil, vos bouches la traversent, la vitre froide ne me donne aucun écho, vous parlez, je suis contente, vous parlez, et rien ne transperce mon véritable silence.