http://www.e-torpedo.net/article.php3?id_article=2674&titre=FP-Meny-a-quitte-la-route
En homm(e-m)age indirect, deux chants de MARINA TSVETAEVA:
"Si vous saviez, passants, attirés
Par d’autres regards charmants
Que le mien, que de feu j’ai brûlé
Que de vie j’ai vécu pour rien,
Que d’ardeur, que de fougue donnée
Pour une ombre soudaine ou un bruit…
Et mon coeur, vainement enflammé,
dépeuplé, retombant en cendres.
Ô, les trains s’envolant dans la nuit
Qui emportent nos rêves de gare…
Sauriez-vous tout cela, même alors,
Je le sais, vous ne pourriez savoir
Pourquoi ma parole est si brusque
Dans l’éternelle fumée de cigarette
Et combien de tristesse noire
Gronde sous mes cheveux clairs."
(17 mai 1913).
&
" Il en tomba combien dans cet abîme
Béant dans le lointain !
Et je disparaîtrai un jour sans rimes
Du globe, c’est certain.
Se figera tout ce qui fut, – qui chante
Et lutte et brille qui veut :
Et le vert de mes yeux et ma voix tendre
Et l’or de mes cheveux.
Et la vie sera là, son pain, son sel
Et l’oubli des journées.
Et tout sera comme si sous le ciel
Je n’avais pas été!
Moi qui changeais, comme un enfant, sa mine,
– Méchante qu’un moment, –
Qui aimais l’heure où les bûches s’animent
Quand la cendre les prend,
Et le violoncelle et les cavalcades
Et le clocher sonnant…
– Moi, tellement vivante et véritable
Sur le sol caressant.
A tous – Qu’importe? En rien je ne mesure,
Vous: Miens et étrangers?! –
Je vous demande une confiance sûre,
Je vous prie de m’aimer.
Et jour et nuit, voie orale ou écrite:
Pour mes "oui", "non" cinglants,
Du fait que si souvent – je suis trop triste,
Que je n’ai que vingt ans,
Du fait de mon pardon inévitable
Des offenses passées,
Pour toute ma tendresse incontenable
Et mon trop fier aspect,
Et la vitesse folle des temps forts,
Pour mon jeu, pour mon vrai…
– Ecoutez-moi! – Il faut m’aimer encore
Du fait que je mourrai."
(8 décembre 1913)
Tout ce qui porte un nom brûle?
Demain matin, cendres au vent pendant que le même soir, mon jupon se soulèvera pour une vie à voir.
