sens du désordre

Michael Kenna Shelter
ce matin, j’ai attendu, de mes yeux vus, la lumière idéale. me suis postée à la fenêtre longue, mes jambes étendues le long de la vitre. les bras soutenant l’attente et le corps mou. tout faisait silence, c’était presque bien. ce matin, la lumière idéale doit venir doucement. d’autres gens, sûrement, l’attendent de part et d’autre du globe. sans bouger, j’ai regardé les astres donner l’avis. puis, elle est arrivée, calme et immonde. au sommet de sa gloire, devant moi, comme une étreinte, j’ai senti sa perfection. alors, j’ai fermé les yeux. l’oublier. ignorer la chaleur du corps blanc. je retourne à l’ombre, comme dans un noeud coulant. là où il serre, c’est le confort de l’apesanteur écrasante.

Car je voudrais demander à ceux qui ont cette idée, s’ils conçoivent nettement que deux indivisibles se touchent : si c’est partout, ils ne sont qu’une même chose, et partant les deux ensemble sont indivisibles ; et si ce n’est pas partout, ce n’est donc qu’en une partie : donc ils ont des parties, donc ils ne sont pas indivisibles »*  

*Pascal, De l’esprit géométrique*

(illustration by Michael Kenna)