Corps esprits résister au pure du pire

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Le mot génocide est souvent compris comme un grand nombre de morts ciblés en raison de leur identité. C’est une définition non juridique ni même historique et complètement lacunaire.Il peut même y avoir génocide sans qu’il y ait de morts directes ou même beaucoup de morts.💡 En fait, il faut une INTENTION, de blesser essentiellement un groupe humain EN TANT QUE TEL pour mettre en danger sa SURVIE ou sa PERPETUATION📍 Une des voies les plus logiques est donc de s’en prendre aux femmes parce qu’elles sont l’avenir de la perpétuation d’un groupe humain. C’est pourquoi il y a bien un génocide des Ouïghours par la Chine : on sépare les hommes des femmes, et on stérilise les femmes afin d’endiguer la démographie et de faire en sorte que la génération actuelle ne se renouvelle pas. C’est un génocide à bas bruit, sans trop de sang versé, le peuple va s’éteindre.⚠️ La question démographique est liée à la question du territoire. Plus un peuple est nombreux et fertile, plus il prend de la place et plus il va en prendre à l’avenir. Il deviendra donc impossible d’invisibiliser le crime de dépossession du territoire vital, ce qui est essentiellement la motivation d’Israël. Israël aspire au « Grand Israël » c’est à dire toute la Palestine d’avant 48, l’est de l’Egypte, le Sud du Liban, l’est de la Syrie et une partie du Sud d’Israël et de la Jordanie… Ce territoire mythique vient de références géographiques des temps bibliques. Dans un premier temps, Israël aspire à conquérir Gaza et la Cisjordanie, procédant par plusieurs mécanismes différents à l’éviction des populations, avec brutalité et d’une manière multifactorielle. 📌Un des principaux territoires sur lequel se joue cet enjeu est celui de la femme. Certes Israël a tué et tue encore des enfants par dizaines chaque semaine. Par milliers officiellement. Mais Israël tue aussi les femmes et plus encore, Israël tue la maternité chez les femmes. Israël est considéré par la CJI comme génocidaire AUSSI parce qu’elle prévient les naissance dans la population palestinienne. Outre le fait que toutes les cliniques de la fertilité et toutes les maternités ont été ciblées et détruites depuis 19 mois, Israël interdit depuis des décennies que certains produits de soins maternels et infantiles rentrent à Gaza. Et depuis 19 mois, rares sont les produits comme couches, laits de bébés, soins de l’enfant, mais aussi serviettes hygiéniques qui rentrent. Il n’y a PLUS de savon qui rentre depuis des mois. Et plus d’eau potable non plus. Les systèmes de désalinisation et d’épuration des eaux ont tous été ciblés et détruits. L’eau qui est encore distribuée est du fait de persévérance et d’ingéniosité avec des sources, des systèmes D. Sans eau propre, pas de possibilité d’hygiène intime. Enfin, le ciblages de l’aide humanitaire, le bombardement des stocks de nourriture, le pillage organisé sous l’égide d’Israël par des bandes introduites par eux, la destruction de toutes les exploitations maraichères et la réduction des calories ET vitamines essentielles à la femme et à sa fertilité servent cet objectif d’Israël.Le 8 mars 2025, ces chiffres étaient donnés :- 12 300 femmes Palestiniennes officiellement tuées.- 2 000 laissées avec une incapacité permanente.- 50 000 femmes enceintes ayant perdu leur enfant.Les violences coloniales du régime israélien ciblent méthodiquement les femmes palestiniennesEn ce sens, Israël n’est pas l’ami des femmes. Il ne faut en rien croire le mensonge éhonté comme quoi Israël respecte le corps des femmes, là où les Palestiniens feraient le contraire.Voici un témoignage d’une Palestinienne, qui a pu se réfugier en Egypte, quand c’était encore possible, son témoignage date donc d’il y a plus d’un an. Imaginez maintenant ! Gaza, les femmes et les menstruations. L’holocauste des corps🔸 🔸 🔸 🔸 🔸 🔸 🔸 🔸 🔸 🔸 🔸 🔸 🔸 🔸 🔸 En octobre, j’ai saigné pendant dix jourssans avoir accès à une vraie salle de bain.La maison où nous nous étions réfugiés – comme la plupart des abris à Gaza – n’offrait aucune intimité.Quarante personnes dormaient dans deux pièces. La salle de bain n’avait pas de porte, juste un rideau déchiré.Je me souviens avoir attendu que tout le monde soit endormi pour me laver avec une bouteille d’eau et des morceaux de tissu.Je me souviens avoir prié de ne pas tacher le matelas que je partageais avec trois cousines.Je me souviens de la honte – non pas de mon corps, mais de ne pas pouvoir en prendre soin.En guerre, le corps perd ses droits,surtout le corps féminin.Les gros titres parlent rarement de cela, de ce que cela signifie pour une jeune fille d’avoir ses règles sous les bombardements, pour des mères contraintes de saigner en silence, de faire des fausses couches sur des sols glacés ou d’accoucher sous les drones.La guerre à Gaza n’est pas seulement une histoire de décombres et de frappes aériennes. C’est une histoire de corps interrompus, envahis, privés de repos.Et pourtant, d’une manière ou d’une autre, ces corps continuent d’exister.En tant que femme palestinienne et étudiante déplacée vivant aujourd’hui en Égypte, je porte en moi cette mémoire du corps. Pas comme une métaphore, mais comme un fait brut.Mon corps sursaute encore au moindre bruit fort.Ma digestion est instable. Mon sommeil est fragmenté.Je connais tant de femmes – amies, parentes, voisines – qui ont développé des maladies chroniques pendant la guerre, qui ont perdu leurs règles pendant des mois, dont les seins se sont asséchés alors qu’elles tentaient d’allaiter dans les refuges.La guerre pénètre dans le corps comme une maladie et y reste.Le corps de Gaza est une carte d’interruptions.Il apprend très tôt à se contracter, à occuper moins d’espace, à rester en alerte, à réprimer le désir, la faim, le saignement.La nature publique du déplacement détruit toute intimité, tandis que la peur constante épuise le système nerveux.Les femmes, autrefois pudiques, se changent désormais devant des inconnus.Les filles cessent de parler de leurs règles.La dignité devient un fardeau que personne ne peut plus se permettre.C’est cela, le paradoxe de la survie :le même corps privé de sécurité devient un instrument de résistance.Les femmes font cuire des lentilles à la bougie, apaisent les enfants à la cave, bercent les mourants.Ces gestes ne sont pas passifs ; ils sont radicaux.Avoir ses règles, porter un enfant, nourrir, consoler – au milieu de la destruction – c’est insister sur la vie.Je reviens sans cesse à l’image de ma mère pendant la guerre.Le dos courbé au-dessus d’une marmite, les mains tremblantes, les yeux scrutant le plafond à chaque bruit.Elle ne mangeait que lorsque tout le monde avait mangé.Elle ne dormait que lorsque les enfants dormaient.Son corps portait à la fois l’architecture de la guerre et celle de la maternité.Je réalise aujourd’hui à quel point sa fatigue était politique – comment son labeur, comme celui de tant de femmes palestiniennes, défiait la logique de l’annihilation.À Gaza, il n’existe pas de tente pour le corps.Aucun espace sûr où le corps féminin puisse se déployer sans peur.La guerre nous dépouille – non seulement de nos maisons et de nos biens, mais aussi des rituels qui nous rendent humaines : se laver, avoir ses règles, faire son deuil en privé.Mais même sans abri, nos corps résistent.Ils se souviennent. Ils tiennent bon.Et peut-être que, dans leur persévérance tremblante,ils écrivent l’histoire la plus vraie de toutes.📝 Mariam Khateeb – 19 mai 2025

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