Liberté chérie

(rénovation ou enfermement – Statue sur colonne mi-marbre, mi-échafaud-age – Bordeaux, décembre 2005)

 

« La cour se fleurit de souci

Comme le front

De tous ceux-ci

Qui vont en rond

En flageolant sur leur fémur

Débilité

Le long du mur

Fou de clarté

Tournez, Samsons sans Dalila,

Sans Philistin,

Tournez bien la

Meule du destin.

Vaincu risible de la loi,

Mouds tour à tour

Ton coeur, ta foi

Et ton amour!

Ils vont! et leurs pauvres souliers

Font un bruit sec,

Humiliés,

La pipe au bec.

Pas un mot ou bien le cachot,

Pas de soupir.

Il fait si chaud

Qu’on croit mourir.

J’en suis de ce cirque effaré,

Soumis d’ailleurs

Et préparé

A tous les malheurs.

Et pourquoi si j’ai contristé

Ton voeu têtu,

Société,

Me choierais-tu?

Allons, frères, bons vieux voleurs,

Doux vagabonds,

Filous en fleurs,

Mes chers, mes bons,

Fumons philosophiquement,

Promenons-nous

Paisiblement:

Rien faire est doux. »

 

En prison, Paul Verlaine

 

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