29 mars 1936 « Je veux travailler pour aider les autres, ma vie ne m’intéresse pas. Être fort. Vite. Faire quelque chose. Toutes mes forces se perdent dans la vie ordinaire. » 1942 (…). Je veux être préoccupé de la destinée humaine. Je voudrais noter tout ce que je sens, je voudrais leur faire voir avec force tout ce qu’ils ont mal vu, je voudrais qu’ils vivent et entendent avec plus de joie et plus de violence. Ils parlent de chanter le progrès, la machine qui libère l’homme. Elle ne le libère pas, elle le gonfle et le détraque. Et l’homme pense boîtes d’allumettes et discours électoral : tous de même. Ils ne sont plus eux-mêmes : ils n’ont plus le courage de s’élever seuls avec violence, contre l’injustice, quelle qu’elle soit, d’où qu’elle vienne. (Illisible). Ils vont bientôt tous se coller ensemble. (Illisible). Ils ne savent plus choisir, ils prennent ce qu’il y a de plus facile en eux, de plus rutilant. À la même heure ils voient les mêmes saletés. À la même heure ils pensent en commun. J’aime celui qui apprend tout seul. Le chétif qui s’agrippe, qui encaisse les coups des autres, les brûlures de la faim et du froid et qui, tout seul, apprend à se détacher du ronron des autres. Celui-là comprend les hommes mais n’en sera pas rempli. Il leur voudra du bien et sera traité d’ennemi. J’aime mieux être seul. » Luc Dietrich « Je veux descendre tout entier dans ma phrase. Je voudrais m’y couler comme dans la mer. Je voudrais y crier avec ma bouche. Je voudrais que ma main sorte des lignes. Je voudrais communiquer une telle chaleur que celui qui me lira sentira la force de mon sang , la vie de mon sang. »