
pourquoi croyez vous que je sois obsédée par le corps, sachez qu’en plus du mien, déjà gros portant (donc encombrant à regarder), j’observe aussi celui des autres. Tous les corps, démembrés ou surmontés, calibrés ou vagues, réglementaires ou dissidents.
Je suis une mangeuse de corps, j’ouvre mon corps à celui des autres, je croque, j’avale, je vibre au son des os claquants, des muscles s’étirant et lorsque j’entends toutes ces petites veines frétiller au rythme du flux, je bande.
Mais au dessus, en deçà de toutes ces conditions à la vie, il y a la peau, cet irrésisitible filtre, cet affinement de la personnalité, cette peau, soie que je brosse, j’aime, je l’aime, j’aime d’ailleurs toutes les peaux, les peaux qu’on déchire ou qu’on hydrate, je trouve qu’on ne touche pas assez de peaux dans une vie.
Voyez, vous me croyiez égotique, je suis en fait universaliste, perpétuant radicalement l’envie de l’autre…
si vous ne me croyez pas, tuez moi!
