Ryû Murakami (parce que d’autres le feront toujours mieux que moi)

reflet sans flatterie

[ Comme je ne veux pas qu’on se méprenne, je dis au client qu’autrefois j’ai été jolie. Le type fait au choix une drôle de tête ou bien se met à rire, et moi, je préfére encore qu’il se moque de moi. Mais je mens lorsque je dis ça. Autrefois, je n’ai jamais été jolie même s’il y avait encore des filles plus laides, plus vulgaires et plus pouffes que moi. (…) lorsque j’étais gamine, on classait les filles en trois groupes. Il y avait les jolies filles – les gosses de riches –, les filles ordinaires et les pouffes. J’suis prête à le jurer sur Dieu, mais je faisais partie des filles ordinaires. J’avais absolument rien d’anormal. Alors que parmi mes collègues, il y a pas mal de filles qui traînent un passé chargé. Des filles qui ont chopé des maladies bizarres ou qui se sont fait massacrer par de vieux cons. A moi, elles en parlent toujours à la légère de leur passé, mais je crois que c’est pour elles une manière de le conjurer. ]

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