carnibale

Compagnie Régis Obadia  sacreprintemps
l’enfer est gris

ni rouge ni noir ni blanc

mais gris anthracite

comme la cendre gelée, le silence gêné et la fumée toxique

l’enfer est gris

il ne fait pas peur

il étouffe, il avale, il consume sans cri

l’enfer gris est en dessous de nous

à chaque pavé, il bouge

l’eau le conçoit déjà, elle se mélange

pour nous sauver

mais bientôt, plus d’eau

restera le gris, l’enfer

Pompéï gargantuesque

tout sera calme comme une guerre froide

nous serons ensevelis dans le volcan toboggan entonnoir

les rires seront mangés

les ventres gonfleront

les poussières de nos yeux rebondiront dans l’air vicié

il ne sera plus question d’avancer

stagner stagner nous stagnerons

détritus de nous mêmes

petites scories d’âmes

versions papiers de documents d’identité

nous aurons le même nom, le même son

l’enfer est gris

je l’entends se taire

derrière chaque nuque, il vise

Mère poussière

Père Ordure

les trognons n’auront plus de vers

les viandes n’auront plus de mouches

les cils n’auront plus d’yeux

l’enfer est gris

il me l’a dit.