la coupure n’est jamais aussi franche que le coin d’une table, que la tranche de jambon sous vide, que le bord d’un mur bétonné, la coupure arrive sous les pieds, d’abord, l’équilibre entraîne une chute vagabonde, à rémissions, sous tensions, la coupure tient la route, parfois, on trouve une reconnaissance dans l’abandon, l’isolement, la maltraitance, on voit la coupure faire ton stravail, lascérer le temps, l’amour et la vie à petits coups d’indices, mais on évite le concept avec une sauvegarde égoïste, nasillarde, orgueuilleuse.. on s’attend au pire en pensant que le meilleur peut arriver… on aime mais on n’aime pas, on a peur mais on n’a pas peur.
Puis, un matin de Pâques, carême et resurrection à l’appui, il part en disant qu’il faut qu’il parte, que tout est assurance qu’un lendemain différent lui sera revigorant, qu’il va chercher l’allégresse dans la fraîcheur d’une autre qui comprendra assurément, (évidemment, les autres comprennent mieux) dans la sensualité que vous n’avez plus su donner, par mépris de l’autre, de vous même, la coupure est alors l’alliée de celui qui coupe et la mort de celui qui se fait couper la veine (chance & nerf). Vous le saviez, assurément, personne ne vous a rien caché, mais la coupure est l’apogée de votre ignorance et tout en même temps, le pic de votre lucidité.
la coupure radicale déplace deux visages l’un contre l’autre, les sépare comme un seau d’eau deux chiens encastrés l’un dans l’autre parce qu’ils n’avaient pas compris l’amour (ou le sexe)… voilà ce que fait la coupure, elle devient la solution aux problèmes des uns, le problème aux solutions des autres.
et moi, j’ai les yeux qui saignent.