coup de soleil

Pepijn Provily womanandmirror
Elle se dorait la pilule dans une plage électrique. le bleu du ciel entre les néons lui faisait monter le sang dans les oreilles. c’était un samedi après-midi en août. la ville faisait mine de rien. il y avait quelques voitures, des échaffaudages abandonnés et des sueurs sur l’herbe. Elle restait couchée après la minuterie, là, avec la peau brûlante. Elle posait sa main sur son sexe, poils compris. Elle lissait la suée. c’était là qu’elle pouvait se cacher, dans la boîte blanche et bleue. les rythmes de la radio potache lavait son cerveau. c’était le moment de l’enfermement, et pourtant, de l’envie sans prix, sans rite, sans scrupule. c’était à ce moment là qu’elle osait mettre le doigt dans le fond, dans sa gorge ventrale. c’était à ce moment là qu’elle pouvait dire je suis en vie. sa peau chaude, les veines vrombissantes, le moteur de la machine en refroidissement. elle avait alors la pensée humide, de celles qu’on a plus souvent au bord d’une piscine, d’un lac, d’une baignoire. elle avait alors, à ce moment là, la vision d’un banquet. des hommes et des femmes juchés sur des mets, gras et colorés. c’était là qu’elle voyait ces gens là, huilés, dorés, agglutinés. ses doigts et ses poils ne faisaient qu’un nid. c’était là qu’elle vivait fort. quelques femmes étaient laides, quelques hommes n’avaient pas de visage, seuls les membres sortaient du lot. sa peau chaude, sûrement rouge, ne faisait plus filtre. il était temps de se laisser aller, de laisser venir l’image ultime, celle qui donne le vertige, même couchée. elle ne savait pas de quelle odeur serait ce moment là mais elle avait l’avant goût sur ses lèvres. sa peau chaude crissait sur le verre protecteur. l’obscurité n’avait pas d’amie quand elle était dans son lit, mais ici, le monde lui murmurait « toi » dans le cou. la manège battait son plein. elle était au dessus des gens. son vol de nuit enflait. c’était à ce moment là que la peau se froissait. elle sortait ensuite, les deux pieds posés par terre, les genoux encore tièdes. elle levait ce corps qui reprenait rigueur. elle enfilait les choses de sa vie, reprenait un souffle rythmique. elle dévérouillait la porte volet, puis ouvrait la porte vitrée et marchait dans cette ville, sous un soleil altéré. c’était un samedi après midi.