je n’ai pas toujours eu besoin d’avoir la bouche pleine. un cri un jour, sorti dans des gorges des Pays Cathares, avec un walkman sur les tempes, diffusant du Klaus Nomi, un cri a pris tout mon corps et a enclenché une période de diète assez curieuse vu que je n’avais qu’une dizaine d’années. hier, dans la voiture, à 36 ans et demi, quand j’ai crié, contre toi et contre moi, j’ai ressenti toute cette amplitude, toute la force du cri, qui dit rien et qui prend tout, même la suite.
quelques hématomes, des cuticules déchiquetées, des ongles craquelés, des vergetures dispersées, beaucoup de lignes et de rayures, et tant d’aspérités le long de la peau. je n’aimerais pas être mon médecin légiste.
c’est la solitude qui manque le plus, celle dont personne ne veut « normalement », celle qui permet d’apprécier bruits roses et nuits totales. ne plus jamais être seule, quelle curieuse idée d’être en vie.