là, dans une mini chambre d’un hôtel à Rouen, entre gare et l’avenue Jeanne d’Arc, le lambris au plafond, une reproduction de danseurs de bal à Nogent de Renoir au mur au dessus d’un radiateur peint en vieux rose. j’ai mangé deux religieuses au chocolat (choux superposés, profiteroles étranges), le péché mignon sans autre raison que la meilleure, bourrer le goût de la maternelle gourmandise, puis j’ai marché deux heures dans la ville, avec une robe aux fleurs dorées et mes bottes dorées mais abîmées, mon petit blouson de skaï trop serré et pas assez chaud, j’ai décidé de ne pas me coiffer, juste de poser me frange longue sur le côté, fille sérieuse devant, fille de rue sortie des bois derrière, sous la halle du vieux marché, entre les touristes et une trentaine de punks à chiens, dont un aux yeux bleus husky que j’ai photographié, 300 grammes… non, 27 euros de grandes crevettes sauce cashmir, paprika et mangue que je mange là, sans bottes ni robe, ni autres couches que le drap et le dessus de lit tartan raté râpé devant la télé qui sur Arte affichait une Deneuve face à un Freud si peu intéressant alors je tombe sur le débat trop français populaire ou populiste, le ventre tiré vers le haut, le dos aplati vers le bas, le corps fatigué, encore une fois, mais l’esprit proche de moi, cette marche a été celle de la fille qui cherche à rencontrer, séduire même si le corps déborde du trottoir que l’on nomme trottoir à chien tellement il est étroit, vision vive de cette fille chienne mais pas docile entre colombages, imaginaire, libertaires et antiquaires, ma marche était stratégique, être une femme comme folle, comme sans hommes à la recherche d’un inconnu qui donne le change à la voix, la parole et le corps, je n’ai pas pris de douche, pas pris de soin, pas pris de regard sur ce corps dont je parle comme pour vous titiller (lecteurs, vous avez bien regardé, bien lu) et aussi pour vous repousser… je ne sais pas qui vous êtes, et je m’en bats le flanc gauche et les deux trous rouges au côté droit, exaltation, exultation, exhortation, exorcisation,…
je suis là, exactement avec moi.
je vous dit ça, je l’écris et le publie comme pensée intérieure.
Demain, je me laverai les cheveux avec un shampoing aux œufs, j’irais acheter du cidre au Super U, je goûterai un peu de pain de tradition, sûrement un macaron larme de Jeanne d’Arc pas loin du parking Pucelle