le dire quelque part, autant qu’à quelqu’un

Ces deux jours 3/4 avec l’homme que j’aime
à la mer ou dans la ville
près du sable ou sous une grue

malgré ce premier soir, encerclés des contractions des corps et des âmes, nous avons subi le silence et le cauchemar de son ombre
nos peurs, à lui et à moi, toutes jaillissantes, pimpantes comme des erses d’une boucherie aseptisée

toute une nuit à questionner le vide, le plein, le bien, le rien, le mieux, le pire, le tout…

du coup, au lever, j’ai voulu fuir
sans pourtant le quitter
sans réalité

il s’est habillé tandis que je cherchais mes organes
il m’a accompagnée dans ma fuite

Nous avons passé la journée attachés à nous, au soleil, entre les gens qui ne nous ressemblent pas, au milieu de ces humains identiques et dissemblables
Leurs chiens, leurs enfants, leurs manières, leurs états, nos envies, leurs besoins, nos élans, leurs apparentes nonchalances… Et nous, comme à côté, comme derrière.

Dans un train, auprès des paysages plats, nous sommes rentrés, fatigués des mondes et ravis du nôtre…
De plus en plus nôtre, je crois et j’espère.

je suis depuis entre deux eaux et quatre os
envie d’écrire
et de lire
et de dormir au soleil
entre ses doigts
sans la main écrasante d’un quelconque système au dessus de mon crâne…

sans rien d’autre que ce qui est là.

Studio Manassé, circa 1930.jpg