qu’allons nous faire des souvenirs, de ceux qui n’ont eu d’éclat qu’avec le corps, les ferons nous vriller vers le non-sens, le monstre puis l’oubli? auront-ils le goût des autres choses qui n’ont pas fait bon vivre? la coagulation fait elle effet après la brèche dans la paroi? la vasoconstriction rendra t elle l’image floue? que deviendront-ils ces instants T où toutes les verticalités s’accordaient où toutes les singularités fusaient? que deviennent les souvenirs dont la trace ne semblaient pourtant pas importante au moment mais qui le lendemain faisait le bout de chemin en plus? comment ne pas figer les étapes en un creux? comment ne pas faire l’amalgame entre les mots et les caresses? comment nourrir l’indépendance de chaque souvenir pour qu’aucun ne s’épuise avec le temps et la colère et la tristesse? comment éviter que les strates de la somesthésie s’aplatissent? comment ne pas sombrer après que chaque je t’aime ait été si grandiloquent ? comment garder le possible qui a été ferment dans sa ténacité, sa tension et sa vigueur? comment ne pas rester embrumée dans le trop de réponses faites par soi-même? comment scruter son squelette sans échouer sur les fractures? comment garder la lumière du phare quand les plombs ont sauté? comment rester vivante dans les dermes quand la peau n’est plus tendue que par la torpeur?