laissée

c’est le moment du corps en berne, l’immense intimité réduite au froid, l’incommensurable promesse dévitalisée.
Un je retrouvé perdu au bord d’un trottoir une nuit, hagard et virulent, cherchant querelle aux vents et au sol. Sommeil hachuré et os encrassés.
Les maisons s’allument et s’éteignent avec les choses du jour et de la nuit.
Plus rien ne frémit, aucun bruit n’est précieux.
Le soupir et l’épaule coincés sous le tapis.
Les mots interviennent dans le coeur, ils percent, ils frappent, ils désolent.
Le son ne fait pas sens, alors tout est infiltré, tout s’atténue quand il y a la litière à changer, le coin de table à cogner, la lessive à étendre, le pas de porte à franchir, cette rue à ne pas concevoir, ce lieu à ne pas revisiter.
Le goût d’un sac en plastique sous la langue.
L’odeur d’un marais dans l’oeil.
Et la neutralisation de l’écho.
Et la neutralité des va-et-vients.

Leila Forés. Invisible day. 2015.jpgça s’évapore, pourrait susurrer le temps à l’oreille
ça resourcillera, pourrait craqueler la peau
ça répercutera, pourrait déniveler le regard dans le noir

y a rien qui vaille.

fantômes, consolez.