Pour l’émission « ETAMINE » d’hier des Quenouilles, j’ai éclos un texte rapido:
Naturalisme et Romantisme patriarcal ou comment Quenouille Milady, doctor es rabat-joie, option mauvais foie, relit ce “bon vieux” Maurice Maeterlinck, l’auteur belge du piètre prix Nobel de littérature ‘l’oiseau bleu’ qui s’est autoproclamé scientifique naturaliste en décryptant avec une liberté littéraire la vie des termites, la vie des abeilles et celle des fourmis, OUI avant Bernard Werber.
Il s’est aussi targué d’un précis ultra romantique néo-hétéronormalisant dans l’ouvrage “l’intelligence des fleurs”.
Certaines disent qu’en fait, c’est Marie Blanche Georgette Leblanc, “la femme de Maurice” dont je parle plus tard, qui serait au moins “l’inspiratrice” (#NiMuseNiSoumise) et selon les bruits de couloir de salons littéraires féminins dont Colette était initiatrice, aussi la co-autrice et la relectrice des ouvrages de Maumaurice.
Certains autres auteurs et l’époque ont encouragé Maurice dans cette qualification d’a-poétique sous prétexte que ces textes relèvent avant d’une observation dite scientifique et plus précisément de l’entomologie (à la manière de Jean-Henry Fabre), avec des arguments d’autorité qui étaient surtout basés sur des enjeux socio-économiques. De fait, la seule appartenance à des clubs sélect et sociétés “secrètes” masculines dorait le CV et la certification de brevets et l’obtention de prix s’organisaient entre “gentlemen”.
#EffetMathilda
Et les pratiques, telles la psychographie, le spiritisme et rituels d’intronisation souvent inspirées des explorations coloniales, réelles ou fantasmées, donnaient “des ailes” à ces hommes souvent lourdauds.
Maurice s’est livré à une exploration de ce qu’est la capacité d’intelligence des fleurs: « Nous verrons que la fleur, écrit-il, donne à l’homme un prodigieux exemple de l’insoumission, du courage, de persévérance et d’ingéniosité ». Ainsi évoque-t-il la capacité des fleurs à « conquérir l’espace » grâce aux « merveilleux systèmes de dissémination, de propulsion, d’aviation, que nous trouvons de toutes parts dans la forêt et dans la plaine ». Et de donner, à titre d’exemple, « la machine à planer du chardon, du pissenlit, du salsifis ; les ressorts étonnants de l’euphorbe, l’extraordinaire poire à gicler de la momordique (sic), les crochets à laine des ériophiles ».
Au delà de l’anthropomorphisme assez courant de cette époque, c’est aussi une stigmatisation des rôles “femelles” oscillant entre la maman et la putain et les rôles “mâles” conquérants de la “nature”.
#Rengaine
Un autre ouvrage de Maurice, la sagesse et la destinée, oscillait déjà entre des enjeux dits de philosophie avec un ésotérisme maçonnique des plus belges, comme quand les bourgeois sont en quête de mystère, vu que tout leur est accessible et qu’ils vont puiser du mystère dans l’appropriation culturelle, naturaliste, extractiviste, industrielle. La possession du mystère tue le mystère alors on réécrit le narratif et on explore-exploite plus encore, jamais satisfaits pourtant suffisants.
ET Maurice écrit en plein état bourgeois, primé de surcroit, cet art de la séduction, du savoir-vivre, dans sa maisons de maître, décrit chaque plante, entre pesanteur et désinvolture d’une de ces plantes-femmes réifiées, au service de la matrice procréatrice naturaliste, ces femmes- plantes sont fécondées ou elles usent de stratagèmes sournois pour sélectionner, trier, éparpiller selon la loi DU plus fort et DE LA plus fourbe. Voire elles meurent quand esseulées.
Ailleurs, il évoque « les cérémonies nuptiales en usage dans nos jardins » en soulignant « les idées ingénieuses de quelques fleurs très simples où les époux naissent, s’aiment et meurent dans la même corolle ». Éloge du mariage, à travers l’alliance subtile du pistil et de l’étamine décrite dans les livres de sciences naturelles des années d’écoliers du début du XXème S.
Plus loin, il met l’accent sur les merveilleuses capacités d’adaptation des fleurs et réserve un sort particulier à l’orchidée, la fleur la plus intelligente selon lui. « L’orchidée est celle qui l’emporte sur toutes dans l’art d’obliger l’abeille ou le papillon à faire exactement ce qu’elle désire, dans la forme et le temps prescrits ».
#CultureDuViolOuPresqueNon?
Les exemples nombreux dans ce livre soulignent l’intelligence des fleurs… Des fleurs?
L’époque est aussi en effervescence industrielle en même temps que le courant symboliste, et l’art nouveau et le naturalisme prennent à cœur de nommer la nature en “relation” (soumission?) avec l’humain, ou plutôt voir l’humain dans la nature, jusqu’à en oublier les principes non anthropogènes de la dite Nature.
Maurice écrit que la nature et nous, « nous sommes du même monde, presque entre égaux », parce que nous « frayons avec des volontés voilées et fraternelles, qu’il s’agisse de surprendre et diriger ».
Ah… l’humanisme, l’universalisme, les grands moments d’envolée lyrique d’un avenir glorifié, fraternel… à sens unique et à verticalité sociale déjà violente mais soit.
Bref, sexisme, capitalisme, colonialisme, expansionnisme…
la belle époque, non? Rendons donc à César ce qui appartient à Cléopâtre en faisant descendre MauMaurice de son pedestal nobélisé, et en rendant femmage à Georgette.
On vous invite-incite à aller googliser sa bio complète mais on peut retenir avec tri sélectif et développement durable que Georgette, lors d’un voyage aux États-Unis, rencontre Helen Keller dont elle fait connaître l’extraordinaire histoire en Europe en publiant entre 1912 et 1914 deux ouvrages en anglais.
Georgette a quitté Maeterlinck (YOUPI) pour aller vivre l’amour et l’écriture dans un phare avec sa chérie Margaret Anderson, aussi autrice et éditrice américaine, laquelle permettra la publication de Ulysse de James Joyce en feuilleton dans la revue The Little Review (siège de la revue presque incendié suite au scandale littéraire).
Georgette et Margaret furent membres co-fondatrices de « La Cordée » (The Rope), un groupe saphique où de nombreuses autrices échangeront leurs pratiques d’écriture et s’auto-organiseront en dehors des rails masculinistes de l’édition française et états-unienne dans les années d’entre 2 guerres mondiales.
Georgette et Margaret sont enterrées ensemble au cimetière de Notre-dame-des-anges.
Bye Bye Maurice,
Hello Georgette et Margaret, non?

