un cerf-volant rouge, comme ceux qu’on voit dans les films allégoriques
un losange de papier suivi d’un fil lui même constellé de petits losanges rouges
le fil est long, le jouet aérien est loin
retenu à mon poignet par ce fil de laine
je suis en haut d’une colline
il y a des falaises au loin, comme en Ecosse ou en Cornouailles,
le paysage est presque symbolique tellement il pèse
il est tout ce qui s’invente dans un rêve
le cerf-volant tire fort
le fil rougit ma peau, serrant les veines
le vent est levé comme un dieu puissant
il tire sans se retenir, sans réfléchir
il est nature, je suis petite
tout ce lien est inique, inabordable, irréel
je suis si loin de toute forme de connaissance, de gnôse
je marche normalement pour ma condition
je ne sais pas faire autrement
le vent est tout autour, radical
et ce cerf volant ne m’épargne pas
finalement, le décor ne sert pas
je suis mal à l’aise
je laisse mon bras se faire emporter par la tension
mais je ne vole pas, je suis trop humaine
rien ne lâche, non, le fil ne casse pas
et je marche sur cette colline, presque trop belle.