l’hiver a ses signes
je sors d’un travail que je hais
mais je ne reconnais pas les lieux
je porte un uniforme bleu foncé
et des chaussures de femme rude
j’avance le long du trottoir la tête baissée pour ignorer le vent glacé
je regrette de ne pas avoir de manteau
un concierge d’hôtel m’appréhende
il demande si je veux rentrer dans le hall me réchauffer
il a la tête d’un homme que j’ai autrefois connu,
il est plus âgé, plus rondouillard, plus empathique que cet homme d’avant
mais il a la tête de l’autre sur ses épaules
je voudrais dire oui
mais je recule
et retourne à ce travail indéfini
je passe ma main dans mes cheveux
et une mèche complète reste dans ma paume
je la place dans ma poche d’uniforme très petite, réduite
et je rentre dans l’immeuble que je connais