BANDUNG DU NORD 2022
@ Bruxelles
Poèmes choisis et lus et à relire
OUVERTURE
Projection du documentaire d’Ahmed Frassini : « Après la balle de sniper » sur les 359 corps de détenus palestiniens qui se trouvent dans des congélateurs israéliens ou dans des tombes codées sans noms.
Pour aller plus loin: charleroi-pourlapalestine.be/index.php/2020/05/25/a-frassini-ma-seule- requete-cest-que-nous-puissions-retourner-sur-notre-terre/
Site du Bandung du Nord 2018: bandungdunord.webflow.io/
Jour de GUERRE-S:
“L’expression ultime de la souveraineté réside largement dans le pouvoir et la capacité de dire qui pourra vivre et qui doit mourir. Faire mourir ou laisser vivre constituent donc les limites de la souveraineté, ses principaux attributs. Être souverain c’est exercer son contrôle sur la mortalité et définir la vie comme le déploiement et la manifestation du pouvoir. C’est là un résumé de ce que Michel Foucault entendait par biopouvoir, ce domaine de la vie sur lequel le pouvoir a établi son contrôle. Mais dans quelles conditions concrètes s’exerce ce pouvoir de faire mourir, de laisser vivre ou d’exposer à la mort ? Qui est le sujet de ce droit ? Que nous dit la mise en œuvre de ce pouvoir sur la personne qui est ainsi mise à mort, et de la relation d’inimitié qui oppose cette personne à son meurtrier ? La notion de biopouvoir rend-elle compte de la manière dont la politique fait aujourd’hui du meurtre de son ennemi son objectif premier et absolu, sous le couvert de la guerre, de la résistance, ou de la lutte contre la terreur ? La guerre est après tout aussi bien un moyen d’établir sa souveraineté qu’une manière d’exercer son droit de faire mourir. Si l’on considère la politique comme une forme de guerre, on doit alors se demander quelle place est faite à la vie, à la mort, et au corps humain (en particulier lorsqu’il est blessé et massacré) ? Comment sont-ils inscrits dans l’ordre du pouvoir ?”
- In Nécropolitique d’Achille Mbembe (Les formes contemporaines qui soumettent la vie au pouvoir de la mort (la nécropolitique) reconfigurent-elles en profondeur la relation entre résistance, sacrifice et terreur ? Cet essai fait l’hypothèse que l’expression ultime de la souveraineté réside dans une large mesure dans le pouvoir et la capacité de dire qui vivra et qui doit mourir. Par conséquent, tuer ou laisser vivre constituent les limites de la souveraineté, ses attributs fondamentaux. Exercer la souveraineté, c’est exercer le contrôle sur la mortalité et définir la vie comme le déploiement et la manifestation du pouvoir.)
Wa syo’lukasa pebwe Umwime wa pita
[Il a laissé son empreinte sur la pierre et lui, il a continué sa route]
Proverbe lamba, Zambie
INTRO de MC Milady Poétesse d’accueil pour introduire les intervenant.es autrement qu’en wikipédcairn.org. Du coup, le parti-pris d’un poème-chant-récit afin que chacun.e aille investiguer, braconner d’autres textes, d’autres interventions, d’autres pistes de cheminement, d’introspection et d’action. De la Poésie-Action!
Un second pré-requis est que le choix de textes vient de mon positionnement au moins alliée en guise de porte-voix blanche, inspirée et alliée des luttes anti-racistes, anti-sexistes et anti-capitalistes.
Vendredi et samedi furent les moments des états de guerre, multidirectionnels de l’hydre impérialiste à tête à couper. La guerre est composée d’étapes logistiques et d’injonctions psychiques, les intervenant.es ont retracé la topographie de ces impunités continuelles des continuums coloniaux, néo et post. Il a été aussi question des aliénations individuelles, communautaires, insulaires, les nommées et les vagabondes, afin de les ficher et les défricher.
Dimanche, c’est un des jours de prière pour une population dite générale, bien que les églises catholiques servent plus à des grèves de faim de personnes sans papiers et sans droits mais pas sans voix qu’à des rêves de foi. A la source des interventions du jour, le mot PAIX mais immédiatement tissé avec le mot RÉVOLUTIONNAIRE. Pas de paix sans justice, sans vérité, et aussi sans audace, sans sabotage, sans effervescence, sans grèves, sans guérilla, sans lutte…
Oscar Wilde, L’âme humaine sous le socialisme
“On objectera certainement que le projet qui est présenté dans ces pages est tout à fait impraticable, et va à l’encontre de la nature humaine. C’est parfaitement vrai. Il est impraticable et il va à l’encontre de la nature humaine. C’est bien pourquoi il mérite d’être mis en œuvre, et c’est bien pourquoi on le propose. Car qu’est-ce qu’un projet praticable ? Un projet praticable est soit un projet déjà réalisé, soit un projet qui pourrait être réalisé dans les conditions existantes. Mais ce sont précisément ces conditions existantes qu’on trouve inadmissibles ; de sorte que tout projet compatible avec ces conditions est mauvais et stupide. Ces conditions disparaîtront et la nature humaine changera. La seule chose qu’on sache vraiment sur la nature humaine, c’est qu’elle se transforme. Le changement est le seul prédicat qu’on puisse lui affecter. Les systèmes qui échouent sont ceux qui reposent sur la permanence de la nature humaine, au lieu de parier sur son développement et sur son progrès et l’amour.”
Ramon Grosfoguel (modernité occidentale comme civilisation de la mort)
Nicolas Guillèn a été proposé par l’amie Soledad Kalza. Le poète anti-impérialiste voit le jour l’année de l’adoption de l’Amendement Platt qui autorise les Etats-Unis à intervenir militairement à Cuba, en cas de menace aux intérêts ou aux biens américains. Nicolás Cristóbal Guillén Batista né en 1902 est un journaliste, homme politique considéré comme le poète national de Cuba.
SOLDATS EN ABYSSINIE – (Chants pour les soldats, 1937)
Mussolini.
Sur le poing, le menton.
Sur la table, l’Afrique, en croix, veines ouvertes.
L’Afrique vert foncé et azurée, de géographie et de carte.
Le doigt, fils de César, s’enfonce dans le continent :
muettes sont les eaux de papier,
et muets les déserts de papier,
muettes les villes de papier.
La froide carte de papier avec le doigt, fils de César,
et son ongle sanglant, déjà cloué sur l’Abyssinie de papier.
Pirate de tous les démons, Mussolini, le masque dur, la main si longue !
Et l’Abyssinie se hérisse, arque le dos,
elle crie, rage, elle proteste.
Il Duce ! Des soldats. La guerre. Des bateaux.
Mussolini, dans une auto, fait son petit tour matinal ;
Mussolini, sur son cheval : assouplissement vespéral ;
Mussolini dans un avion, voyage d’une ville à l’autre.
Mussolini sortant du bain, frais et bien propre, vertigineux.
Mussolini, content. Et sérieux.
Ah ! oui, mais les soldats, eux, vont tomber et culbuter !
Les soldats ne feront pas le voyage sur une carte
mais sur le sol d’Afrique, sous le soleil d’Afrique.
Il n’y trouveront pas de villes de papier ;
les villes seront un peu plus que des endroits
qui parlent avec de douces et vertes voix topographiques :
fourmilières de balles, quinte de mitrailleuses, plantations de lances !
Et alors les soldats (eux qui n’auront pas voyagé sur une carte),
les soldats, loin de Mussolini, seuls ;
les soldats se feront corps en feu dans le désert,
et beaucoup plus petits, bien entendu,
les soldats au soleil lentement, lentement, se racorniront ;
les soldats restitués, les soldats parmi la fiente des vautours.
fondaskreyol.org/article/nicolas-guillen-ou-lincarnation-poetique-du-metissage-cubai
- Luis Martinez Andread (guerre à la nature)
Textes du Sous-commandant Insurgé Marcos, un des principaux dirigeants et porte-parole de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN)., México 1994.
“J’ai peur de m’éveiller au matin
Vide d’hommes et de femmes,
Seule enfin et à la dérive.
J’ai peur que personne ne lève plus la tête,
J’ai peur que personne ne me renouvelle,
Et que dans un recoin des musées,
Ne m’abandonnent mes hommes et l’histoire.”
enlacezapatista.ezln.org.mx/2020/10/19/cuarta-parte-memoria-de-lo-que-vendra/ (tous les textes sont traduits en plusieurs langues)
Ceux qui auparavant travaillaient la terre et y vivaient, déjà convertis en serviteurs et esclaves du Tout-Puissant dans les sols et les cieux de leurs ancêtres, verront les malheurs venir chez eux. Leurs filles et leurs fils seront perdus, noyés dans la pourriture de la corruption et du crime. Le droit de seigneur avec lequel l’argent tue l’innocence et l’amour reviendra. Et les jeunes seront arrachés des genoux de leurs mères et leur nouvelle chair sera prise par les grands Seigneurs pour satisfaire leur bassesse et leur méchanceté. A cause de l’argent, le fils lèvera la main contre ses parents et le deuil habillera leurs maisons. La fille sera perdue dans l’obscurité ou dans la mort, sa vie et sa mort par les seigneurs et leur argent. Des maladies inconnues s’attaqueront à ceux qui ont vendu leur dignité et celle de leurs proches pour quelques sous, ceux qui ont trahi leur race,
La mère Ceiba, le soutien des mondes, criera si fort que même la surdité la plus lointaine entendra son cri blessé. Et 7 voix lointaines s’approcheront de lui. Et 7 bras lointains vous embrasseront. Et 7 poings différents le rejoindront. La Ceiba Madre lèvera alors ses naguas et ses mille pieds botteront et délogeront les routes de fer. Les machines à roues sortiront de leurs chenilles métalliques. Les eaux déborderont des rivières et des lagunes, et la mer elle-même rugira de fureur. Alors les entrailles des sols et des cieux s’ouvriront dans tous les mondes.
Alors la toute première, la mère terre, se lèvera et revendiquera sa demeure et sa place avec le feu. Et au-dessus des fiers édifices du Pouvoir, des arbres, des plantes et des animaux s’avanceront, et avec leurs cœurs Votán Zapata revivra, gardien et cœur du peuple.
Et le jaguar arpentera à nouveau ses routes et forêts ancestrales,
régnant à nouveau là où l’argent et ses laquais voulaient régner.
– in enlacezapatista.ezln.org.mx/2020/10/19/cuarta-parte-memoria-de- lo-que-vendra/
(d’autres textes sur le site d’EZLN dont la Déclaration de guerre de l’EZLN: Traduction du texte signé par la Comandancia General del EZLN,
Selva Lacandona, Chiapas, Mexique, fin 1993 :
“Déclaration de guerre à l’armée mexicaine, pilier basique de la dictature dont nous souffrons, monopolisée par le parti au pouvoir et dirigée par l’exécutif fédéral que détient aujourd’hui son chef suprême et illégitime Carlos Salinas de Gortari. Conformément à cette déclaration de guerre, nous demandons que les autres pouvoirs de la nation s’engagent à restaurer la légalité et la stabilité du pays en déposant ce dictateur. Peuple du Mexique, nous, hommes, femmes, intègres et libres, sommes conscients que la guerre que nous déclarons est un moyen ultime mais juste. Les dictateurs appliquent une guerre génocidaire non déclarée contre nos peuples, c’est pourquoi nous te demandons ta ferme participation en appuyant ce plan qui est celui du peuple mexicain qui lutte pour le travail, la terre, un toit, manger, la santé, l’éducation, l’indépendance, la liberté, la démocratie, la justice et la paix. Nous déclarons que nous ne cesserons de combattre jusqu’à l’obtention des demandes de notre peuple et jusqu’à avoir formé un gouvernement national libre et démocratique. Rejoins les forces insurgées de l’armée zapatiste de libération nationale.
- Michèle Sibony (guerre aux Palestiniens)
Texte Milliardat du groupe DAM (arabe : دام ; hébreu : דם), acronyme de Da Arabian MC’s, un des premiers groupes de hip-hop palestinien.
En 2001, alors qu’ils ne possèdent pas encore de réel contrat avec une maison de disques, le single Meen Irhabi ? (Qui est le terroriste ?) est téléchargé plus d’un million de fois depuis leur site web. Un de leurs derniers singles est en hébreu. Ils espèrent ainsi apporter le message palestinien au public israélien. « Les arabes savent déjà comme ils vivent – nous devons informer les israéliens sur ce qui se passe. »
Des milliards de dollars
Ils dépensent des milliards de dollars juste pour nous garder séparés
Ils dépensent des milliards de dollars juste pour nous garder séparés
La chanson de Meen Erhabi nous a coûté quelques sous
Et ils le chantent à Lyd, Damas et dans le camp de réfugiés d’Ein al Hilwe
Ils dépensent des milliards de dollars juste pour nous garder séparés
Ils dépensent des milliards de dollars juste pour nous garder séparés
Personne n’est apprécié dans sa ville, tu veux résister, tu seras condamné
Vous serez accueilli avec des tomates et pas un Grammy
Je suis un citoyen impuissant, je chante devant une salle vide
Les prêts à la banque sont l’opium du peuple, payer mes dettes ou combattre le système ?
Pas de visas pour cette ville, personne ne se soucie de cette ville
Geler comme l’hiver, alors qui va nettoyer cette ville ?
Renouveler la ville, mettre à jour la ville, briser les tabous et ne pas se sentir désolé pour la ville
Dénudez la ville, le printemps arrive alors laissez le soleil entrer dans la ville
Abu Trikah est interdit, Ashraf Fayad est flagellé
Alors, s’il vous plaît, dites-moi, qui va nettoyer la ville ?
Ils dépensent des milliards de dollars juste pour nous garder séparés x 2
La chanson de Meen Erhabi nous a coûté quelques sous
Et ils le chantent à Lyd, Damas et dans le camp de réfugiés d’Ein al Hilwe
Ils dépensent des milliards de dollars juste pour nous garder séparés x 2
Imaginez qu’il n’y a pas de paradis, pas de pays, pas de bla bla
Pas de possessions, pas de bla bla, pas de bla bla, pas de bla bla
J’suis tranquille comme le soufi et le bouddhiste mais j’suis pas masochiste
Ils en ont tué 100 en un mois, putain de Yoga, je crie pour mes droits
Imagine que j’ai une armée, imagine que mon visage est sur des billets de banque, Une tenue traditionnelle faite par moi et non par Gucci
On a banni Nawal de la ville, on a projeté Wonder Woman dans la ville
Vous voyez l’hypocrisie ? La ville est en faillite
N’adorez pas la ville, n’insultez pas la ville,
ouvrez les fenêtres et nettoyez la ville
Décorez la ville, le printemps arrive alors visitez la ville
Bu Kolthoum est parti, les penseurs sont partis
Alors, s’il vous plaît, dites-moi, qui va nettoyer la ville ?
La chanson de Meen Erhabi nous a coûté quelques sous
Et ils le chantent à Lyd, Damas et dans le camp de réfugiés d’Ein al Hilwe
Ils dépensent des milliards de dollars juste pour nous garder séparés
Ils dépensent des milliards de dollars juste pour nous garder séparés
وملياردات الدولارات عشان نعيش في شتات
وملياردات الدولارات عشان نعيش في شتات
مين إرهابي كلفتنا يدوب قرشين
بغنوها في اللد في دمشق وبعين الحلوة
وملياردات الدولارات عشان نعيش في شتات
وملياردات الدولارات عشان نعيش في شتات
لا نبية في قومها، بدك تقاوم بتفوت محاكم
ما حد هيستقبلك في جرامي، بيحذفوك في جرامات طماطم
مواطن ومغلوب ع أمري (يا ساتر)، بغني والإستاد مطفي
أفيون الشعوب، قرض البنوك، أسكر ديون ولا أحارب لأرضي
فيش تڤييز لهالبلد، كله تطييز عهالبلد
Freeze خريف يا ولد
شو مفلس هالبلد
جدد البلد، حتلن البلد
إكسر طابوهات لا تحسمس عالبلد
كشف عالبلد شلح البلد
Spring is coming ف شمِّس البلد
أبو تريكة ممنوع، أشرف فياض مجلود
فقولي يا ولد، مين يكنس البلد؟
و ملياردات الدولارات عشان نعيش في شتات
وملياردات الدولارات عشان نعيش في شتات
مين إرهابي كلفتنا يدوب قرشين
بغنوها في اللد في دمشق وبعين الحلوة
و ملياردات الدولارات عشان نعيش في شتات
وملياردات الدولارات عشان نعيش في شتات
تخيل عالم، بلا فردوس، بلا دول، بلا بلا بلا
بلا ممتلكات بلا بلا بلا، بلا بلا بلا، بلا بلا بلا
مسالم متل الصوفي والبوذي
لا تواخذوني أنا مش مازوخي
قصفوا 100 بظرف شهر
Fuck yoga ما عاد يكفيني صمودي
تخيل إلي جيوشي نفوذي
تخيل صورتي على نقودي
عباية كلها خيوطي مش عبا gucci, gucci
طردنا نوال من البلد، عرضن
Wonder Woman بالبلد
شايف النفاق يا ولد، شو مفلس هالبل!
لا تقدس هالبلد ، عزر البلد، إفتح شبابيك وعزل البلد
نضف البلد زين البلد Spring is coming ف ميِّل عالبلد
بو كلتوم راح، والعقول بح
فقولي يا ولد، مين يكنس البلد؟
وملياردات الدولارات عشان نعيش في شتات
وملياردات الدولارات عشان نعيش في شتات
مين إرهابي كلفتنا يدوب قرشين
بغنوها في اللد في دمشق وبعين الحلوة
ملياردات الدولارات عشان نعيش في شتات
وملياردات الدولارات عشان نعيش في شتات
lyricstranslate.com/fr/milliardat-billions-dollars.html
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Yvonne Sterk: En 1970, la Limbourgeoise (province de Belgique) avait attiré l’attention de la presse mondiale en étant la toute première Européenne à s’engager comme fedayine dans la résistance palestinienne. Elle est décédée le 27 juillet 2012, à l’âge de 92 ans, dans un home pour personnes âgées. En avril 1967, à Beyrouth, elle participa à une conférence internationale de solidarité concernant la Palestine et elle y rencontra des écrivains palestiniens connus comme Ghassan Kanafani et la poétesse Fadwa Tuqan. Le congrès en soi ne lui disait pas grand-chose. Trop officiel et surtout très ennuyeux. Elle prit le bus de Saïda, au Sud-Liban. Dans cette région, trois cent mille Palestiniens s’entassaient dans des camps de réfugiés. Elle tomba sur un petit groupe d’étudiants palestiniens qui étudiaient dans l’ombre des ruines d’un château des croisés. Les étudiants l’emmenèrent au camp de Nabatiya et, raconte Yvonne,
« c’est là que, pour la première fois, la question palestinienne m’apparut très clairement. L’un des garçons raconta comment, en 1948, ses parents – qui n’étaient pas mariés – avaient acheté une maison à Acre (Akka, ou Akko, en Israël). Tout autour, ils avaient aménagé une roseraie mais, expliquait l’étudiant, mes parents n’ont jamais pu profiter du parfum de ces roses. Avant que les arbustres aient pu fleurir une première fois, ils avaient été chassés. »
Saida
Je t’apporte un tambour de terre.
Des mains pauvres de potier
l’ont tourné à Saida.
Doucement, fais le résonner.
La peau fine de l’agneau
dira l’exil
et le filial espoir
de ces enfants chassés,
qui font, près de la mer,
lever les blés futurs
sur les ruines d’un château croisé…
De Rachaya à Tripoli,
les orangers de la mémoire
parfument
les feux des camps.
Et l’on se parle de la terre
où sont couchés les vieux parents
dans la mémoire millénaire,
comme les cèdres du Liban.
Prends le petit tambour,
délivre sa voix sur la ville,
qui secoue sa poussière
dans l’absence des questions.
En juin 1967 éclata la guerre de Six-Jours et Israël conquit le reste de la Palestine : Gaza et la Cisjordanie. Yvonne rapporta les événements à partir de l’Égypte pour l’agence de presse de l’époque, Opera Mundi. En mars 1968, elle se rendit en Israël comme journaliste free-lance pour une agence de presse japonaise et elle visita Jérusalem, qui venait d’être conquise. Les Israéliens détruisirent le quartier arabe de Maghrebi et, en lieu et place, y aménagèrent une vaste place ouverte face au mur des Lamentations.
Les cloches sont naïves, fiancées de la lumière, elles dansent quand, déjà, ce n’est plus dimanche.
Les piocheurs travaillent sous la branche de l’olivier d’un jardin dynamité.
Pierre à pierre tombent les siècles
pour la pierre introuvable de Lévi.
Sous son châle, sous son chapeau,
tu chantes faux, Jérusalem,
mais tu ne peux fausser
la balance du temps.
Les innocents tués
pèsent le même poids
et l’arme des tueurs
est d’un même arsenal.
Un grand espace nu
devant le Mur-des-pleurs
et des danseurs sourds et aveugles
qui ne protège pas l’antique bouclier
De retour en Belgique, Yvonne Sterk devint membre d’un Comité Palestine : Paix et Justice au Moyen-Orient, en compagnie de Marcel Liebman, Luc Sommerhausen et Isabelle Blum. Des socialistes de gauche et des communistes qui, durant la Seconde Guerre mondiale, se trouvaient dans la résistance et qui, ensuite, soutinrent le FLN algérien dans la guerre anticoloniale contre les Français.
charleroi-pourlapalestine.be/index.php/2012/07/31/rafiqa-yvonne/
- Podcast de Milady Renoir (avec le soutien de Myriam de Ly, Jean-Marie Flémal et Lucas Catherine) à propos de la poétesse Rafiqa Yvon, fedayin, journaliste:
litterature-etc.com/yvonne-sterk-1920-2012-par-milady-renoir
- Françoise Vergès (guerre aux Femmes)
June Jordan (1936 – 2002) est née à Harlem en 1936, de parents migrants jamaïcains. Jordan était active dans la lutte pour les droits civiques et dans le mouvement afro-états-unien pro-Palestinien From Ferguson to Palestine, féministe, anti-militariste, activiste se situant comme bisexuelle dans les mouvements lesbiens et gays. Elle est l’autrice de plus de vingt-cinq œuvres majeures de poésie, fiction et essais, ainsi que de nombreux livres pour enfants, a écrit des paroles de chansons, des pièces de théâtre et des comédies musicales. Son travail de journalisme a été largement publié dans les magazines et les journaux du monde entier. Elle se définira comme une femme noire palestinienne.
Poème sur Mes droits:
Même ce soir et je dois aller marcher et me clarifier l’esprit sur ce poème sur la raison pour laquelle je ne peux pas sortir sans changer mes vêtements mes chaussures la posture de mon corps mon identité de genre mon âge mon statut de femme seule dans la nuit / seule dans les rues / seule ce n’est pas le point / le point étant que je ne peux pas faire ce que je veux faire avec mon propre corps parce que je suis du mauvais sexe du mauvais âge de la mauvaise couleur de peau et suppose que ce ne soit pas là dans la ville , mais sur la plage / ou loin dans les bois et je voudrais aller là-bas par moi-même penser à Dieu / ou penser aux enfants ou penser au monde / tout cela révélé par les étoiles et le silence : Je ne pourrais pas y aller et je ne pourrais pas penser et je ne pourrais pas rester là seule comme j’ai besoin de l’être (…)
Appel à toutes les minorités silencieuses
HÉ
V’NEZ
SORTEZ
OU QUE VOUS SOYEZ
IL NOUS FAUT CETTE GRANDE ASSEMBLÉE
A CET ARBRE
QUI N’EST MÊME PAS
PLANTÉ
ENCORE
“Aller vers chez soi” (écrit après les massacres de Sabra et Chatila)
« Où est Abou Fadi, » gémit-elle.
« Qui m’amènera mon bien-aimé? »
Je ne veux pas parler du bulldozer et la terre rouge ne couvrant pas tout à fait couvrant tous les bras et les jambes
Et je ne veux parler des cris qui durèrent la nuit entière
qui atteignirent les postes d’observation où les soldats se prélassaient
Et je ne veux parler de la femme qui a jeté son bébé dans les mains de l’étranger avant d’être emmenée
Et je ne veux parler du père dont les fils ont été abattus d’une balle dans la tête alors qu’on lui tranchait la gorge devant les yeux de sa femme
Et je ne veux parler de l’armée qui a lancé en continu
des fusées dans l’obscurité pour que d’autres puissent voir
le dos de leurs victimes alignées contre le mur
Et je ne veux parler non plus des corps entassés et de la puanteur qui ne flottera pas
Et je ne veux parler à l’infirmière violée et violée à nouveau
avant qu’ils ne l’assassinent sur le sol de l’hôpital
Et je ne veux parler du cliquetis des balles
qui n’en sont pas restées à la mélopée de leur trajectoire
Et je ne veux parler des coups sur la porte le bris des fenêtres ainsi que le transport des familles vers le monde des morts
Je ne veux pas parler du bulldozer et la terre rouge ne couvrant pas tout à fait les bras et les jambes parce que je ne veux pas parler des événements innommables que l’on doit attendre de
ceux qui osent « Purifier » un peuple
ceux qui osent « Exterminer » un peuple
ceux qui osent décrire les êtres humains comme des «bêtes à deux jambes »
ceux qui osent « Absorber » « Pour resserrer l’étau »
« Intensifier la pression militaire » « Entourer » des rues civiles avec des tanks
ceux qui osent fermer les universités
abolir la presse
Tuer les représentants élus des gens qui refusent d’être purifiés
ce sont ceux à qui nous devons rembourser
les paroles de notre début
parce que je dois parler de la maison
Je dois parler du salon
où la terre n’est pas intimidée et battue vers
la pierre tombale
Je dois parler d’une pièce de vie
où la parole aura lieu dans ma langue
Je dois parler d’une pièce de vie
où mes enfants grandiront sans l’horreur
Je dois parler d’une pièce de vie où les hommes
de ma famille entre six et soixante-cinq ans
ne seront pas poussés à marcher lors d’une rafle qui mène à la tombe
Je dois parler d’un pièce de vie
où je peux rester assise sans douleur, sans lamentations à voix haute
pour mes proches
où je ne dois pas demander où est Abou Fadi
parce qu’il sera là à côté de moi
Je dois parler d’une pièce de vie
parce que je dois parler de la maison
Je suis née femme noire
et maintenant
Je suis devenue Palestinienne
contre le rire implacable du mal
il y a de moins en moins de pièces de vie
et où sont mes proches?
Il est temps de prendre le chemin de chez nous.
awid.org/fr/nouvelles-et-analyse/message-damour-june-jordan
Poem for South African Women
Commemoration of the 40,000 women and children who, August 9, 1956, presented themselves in bodily protest against the “dompass” in the capital of apartheid. Presented at The United Nations, August 9, 1978.
Our own shadows disappear as the feet of thousands
by the tens of thousands pound the fallow land
into new dust that rising like a marvelous pollen will be fertile
even as the first woman whispering
imagination to the trees around her made
for righteous fruit
from such deliberate defense of life
as no other still
will claim inferior to any other safety
in the world
The whispers too they
intimate to the inmost ear of every spirit
now aroused they
carousing in ferocious affirmation
of all peaceable and loving amplitude
sound a certainly unbounded heat
from a baptismal smoke where yes
there will be fire
And the babies cease alarm as mothers
raising arms
and heart high as the stars so far unseen
nevertheless hurl into the universe
a moving force
irreversible as light years
traveling to the open eye
And who will join this standing up
and the ones who stood without sweet company
will sing and sing
back into the mountains and
if necessary
even under the sea
we are the ones we have been waiting for
from Passion (1980) and from Directed by Desire. The Collected Poems of June Jordan.
&
Still I Rise de Maya Angelou
Vous pouvez écrire sur moi, dans les pages de l’histoire,
Des mensonges amers, et tordus;
Vous pouvez me piétiner dans la boue nue,
Encore je me lèverai, comme la poussière noire.
Est-ce que mon impertinence vous dérange?
Pourquoi êtes-vous plongés dans une tristesse étrange?
Est-ce parce que je marche, comme si j’ai un puits de kérosène,
Qui pompe des millions de gallons dans mon salon d’ébène.
Tout comme des lunes et des soleils,
Avec la certitude des marées,
Tout comme l’espoir qui jaillit jusqu’au ciel,
Encore je me lèverai.
Voulez-vous me voir brisée, ruinée,
La tête baissée et les yeux abaissés,
Les épaules tombées, comme des larmes laconiques.
Et affaiblies par mes cris mélancoliques?
Est-ce que mon orgueil vous expose?
Ne trouvez-vous pas que ces choses soient affreuses?
Parce que je ris, comme si j’ai des mines d’or
Enfouies dans ma propre arrière-cour.
Avec vos mots, vous pouvez m’assassiner,
Avec vos yeux, vous pouvez me décapiter;
Avec votre haine, vous pouvez me tuer,
Mais encore, comme l’air, je me lèverai.
Est-ce que mon charme sexuel vous dérange?
Pour vous, c’est comme une surprise,
Que je danse comme si j’ai des diamants de Suisse,
Dans le triangle de mes cuisses?
Sur les huttes de la honte de l’histoire
Je me lèverai
D’un passé enraciné dans une douleur noire
Je me lèverai.
Je suis un vaste océan noir qui peut sauter,
S’enfler et se dégonfler. Je porte dans la marée,
Laissant derrière des nuits de terreur
Et de peur.
Je me lèverai,
A l’aube d’un jour qui est clairement merveilleux.
Je me lèverai,
En t’offrant des cadeaux légués de mes Aïeux,
Je suis le rêve et l’espoir de l’esclave,
Je suis l’enfant des Braves.
Je me lèverai
Je me lèverai
Je me lèverai.
(lu par elle: youtube.com/watch?v=JqOqo50LSZ0)
- Souhaila Aamri (guerre aux Musulmans)
Fadwa Touqan, poétesse palestinienne morte à l’âge de 86 ans, a su exprimer avec force l’expérience de deuil et de résistance de son peuple.
Moshe Dayan, général de l’armée israélienne occupante, comparait la lecture d’un poème de Fadwa Touqan à la sensation de se trouver face à 20 bataillons ennemis
Les martyrs de l’Intifada
Ils ont tracé la route vers la vie
l’ont pavée de corail, de forces jeunes, d’agathe …
Ils ont levé leurs cœurs comme des pierres de braise,
des brûlots dans leurs mains et lapidé la bête du chemin.
Ils ont crié :
c’est le temps de se battre, lève-toi !
Leur voix a retenti aux oreilles du monde,
son écho a retenti aux oreilles du monde,
son écho s’est déployé jusqu’aux confins du monde.
C’est le temps de se battre , ils se sont battu, et ils sont morts debout
astres scintillants embrassant la vie sur la bouche.
Regarde-les au loin enlacer la mort pour exister encore …
S’élever jusqu’au plus haut devant les yeux de l’univers, monter, à leur sang encordé monter monter monter …
La mort traîtresse ne prendra pas leurs cœurs car la résurrection, l’aube nouvelle, comme des songes les accompagne sur le sentier du sacrifice.
Regarde-les, faucon,
dans leur Intifada, ils attachent le sol, la sainte patrie au ciel
Leticia Assemien, (guerre aux sans-papiers/migrants)
“we didn’t cross the border,
the border crossed us” –
slogan de revendication du mouvement mexicain anti mur US Empire.
« Maison ». « Home » écrit et récité pour la première fois en 2010 par Warsan Shire, poétesse somalienne anglophone, avant même que les médias et les gouvernants aient mis un nom sur la « crise des migrants ».
Elle a fui la Somalie en pleine guerre civile, laquelle se poursuit, aujourd’hui, en dépit et à cause d’une intervention états unienne dans les années 1990, d’une multiplication des ingérences étrangères et, depuis 2006, la tentative de mettre sur pied un gouvernement fantoche appuyé par des troupes de l’Union Africaine, le tout sous l’égide de Washington et des principales puissances européennes.
Personne ne quitte sa maison à moins
Que sa maison ne soit devenue la gueule d’un requin
Tu ne cours vers la frontière
Que lorsque toute la ville court également
Avec tes voisins qui courent plus vite que toi
Le garçon avec qui tu es allée à l’école
Qui t’a embrassée, éblouie, une fois derrière la vieille usine
Porte une arme plus grande que son corps
Tu pars de chez toi
Quand ta maison ne te permet plus de rester.
Tu ne quittes pas ta maison si ta maison ne te chasse pas
Du feu sous tes pieds
Du sang chaud dans ton ventre
C’est quelque chose que tu n’aurais jamais pensé faire
Jusqu’à ce que la lame ne soit
Sur ton cou
Et même alors tu portes encore l’hymne national
Dans ta voix
Quand tu déchires ton passeport dans les toilettes d’un aéroport
En sanglotant à chaque bouchée de papier
Pour bien comprendre que tu ne reviendras jamais en arrière
Il faut que tu comprennes
Que personne ne pousse ses enfants sur un bateau
A moins que l’eau ne soit plus sûre que la terre-ferme
Personne ne se brûle le bout des doigts
Sous des trains Entre des wagons
Personne ne passe des jours et des nuits dans l’estomac d’un camion
En se nourrissant de papier-journal à moins que les kilomètres parcourus
Soient plus qu’un voyage
Personne ne rampe sous un grillage
Personne ne veut être battu
Pris en pitié
Personne ne choisit les camps de réfugiés
Ou la prison
Parce que la prison est plus sûre
Qu’une ville en feu
Et qu’un maton
Dans la nuit
Vaut mieux que toute une cargaison
D’hommes qui ressemblent à ton père
Personne ne vivrait ça
Personne ne le supporterait
Personne n’a la peau assez tannée
Rentrez chez vous
Les noirs
Les réfugiés
Les sales immigrés
Les demandeurs d’asile
Qui sucent le sang de notre pays
Ils sentent bizarre
Sauvages
Ils ont fait n’importe quoi chez eux et maintenant
Ils veulent faire pareil ici
Comment les mots
Les sales regards
Peuvent te glisser sur le dos
Peut-être parce leur souffle est plus doux
Qu’un membre arraché
Ou parce que ces mots sont plus tendres
Que quatorze hommes entre
Tes jambes
Ou ces insultes sont plus faciles
A digérer
Qu’un os
Que ton corps d’enfant
En miettes
Je veux rentrer chez moi
Mais ma maison est comme la gueule d’un requin
Ma maison, c’est le baril d’un pistolet
Et personne ne quitte sa maison
A moins que ta maison ne te chasse vers le rivage
A moins que ta maison ne dise
A tes jambes de courir plus vite
De laisser tes habits derrière toi
De ramper à travers le désert
De traverser les océans
Noyé
Sauvé
Avoir faim
Mendier
Oublier sa fierté
Ta survie est plus importante
Personne ne quitte sa maison
jusqu’à ce que ta maison soit cette petite voix dans ton oreille
Qui te dit
Pars
Pars d’ici tout de suite
Je ne sais pas ce que je suis devenue
Mais je sais que n’importe où
Ce sera plus sûr qu’ici
(si possible, la version originale en anglais lue par l’autrice même est à écouter)
Intervention de Léticia Assemien, porte-parole du comité des femmes sans papiers de belgique:
C’est un plaisir pour moi de participer à cette conférence internationale, c’est aussi une occasion de prêter ma modeste voix à la lutte des sans-papiers en Belgique et plus particulièrement, des femmes sans papiers dont des représentantes du comité sont présentes aujourd’hui ici et en même temps, au parlement bruxellois sur la revendication du permis de travail unique qui serait la seule “clé” de régularisation, alors que les sans-papiers réclament depuis des décennies une régularisation sur base de critères clairs, justes et permanents. Je vous recommande par ailleurs d’aller lire nos revendications sur la plateforme sanspapiers.be sur laquelle des cahiers blancs et des études sont proposés aux divers partis politiques à partir de l’expertise des sans-papiers eux-mêmes.
En avril 2022, Angela Davis était à Bruxelles, elle a rappelé ce qu’elle avait déjà mentionné lors du bandung du nord en 2018:
«La lutte des personnes sans-papiers est sûrement la plus importante des luttes au monde aujourd’hui, elle remet en question les frontières avec le colonialisme». Par ailleurs, le comité des femmes sans papiers est officiellement marrainé par Angela Davis. Son parcours de lutte est un encouragement pour toutes les femmes noires avec ou sans papiers.
La proposition qui m’a été faite pour mon intervention est “guerre aux sans-papiers et migrants” mais en fait, la guerre évoquée n’est pas celle qu’on a déclaré comme une guerre entre deux camps ou pays, car un des deux “côtés” n’a pas le choix des armes. Ils nous font la guerre tout en sachant que nous n’avons pas les mêmes armes. Et que leurs armes sont produites à partir de nos sols, nos sueurs, nos sangs et nos sous. Cette guerre est froide, invisible aux yeux des belliqueux mais en effet bien présente dans la vie des sans papiers et des migrants et migrantes.
On finit même par se faire la guerre EN NOUS et ENTRE NOUS.
En somme, passer de l’humiliation à l’aliénation.
En ce qui me concerne, j’ai quitté mon pays dans l’impossibilité de suivre un parcours universitaire à cause des incessantes perturbations politiques sur place. Désireuse de poursuivre mes études, j’ai pris le risque d’aller voir ailleurs. Et ce fut la Belgique et l’Université Catholique de Louvain qui n’a pas tenu la promesse de l’accueil et du suivi, une erreur administrative qui me coûte mes études et ma carrière, depuis 3 ans, “on” a décidé de me faire la guerre.
DONC NOUS sommes en guerre.
Mais qui sont-ils, nos ennemis ? Tellement nombreux qu’il est difficile de les distinguer.
Serait-ce l’Europe ? Les chefs d’État majorettes des pays d’Afrique ?La petite Belgique toute plate ? Ses gouvernements successifs ? Les patrons et actionnaires gorgés de domination ? ou les universités qui, comme dans mon cas, ont fait preuve d’une froideur pragmatique sans aucune considération de la situation juridico-administrative dans laquelle cela allait me plonger ? ou serait-ce La “gentille” société civile belge? Jusqu’à ses faux-amis souriant vers nous avec LE BAISER DU DIABLE, ceux qui pratiquent la fameuse “bienveillance”, qui veulent nous éduquer, nous émanciper, nous aider, nous sauver…
mais de quoi ?
Ils ne sauraient pas eux-mêmes répondre à cette question.
De plus, à quoi bon une guerre dans laquelle ils gaspillent tant de balles, ils se battent contre des morts-vivants endettés jusqu’à cent générations.
Je revendiquerai ici le terme politique de sans papiers comme identité collective de résistance quand le terme migrant est apolitique, globalisant, déshumanisant et bien entendu, diabolisant.
En effet, le mot sans papiers est collectivement synonyme de la LUTTE mais individuellement un mot du stigmate. Quand on est sans papiers, on perd sa “nationalité” d’origine, jusqu’à son propre nom.
Les mondes politique et médiatique parlent de guerre et de peur à tout bout de champ, mais refuse d’entrevoir :
Qui fait la guerre à qui ?
Qui a peur de qui et qui ne devrait pas avoir peur ?
Qui peut avoir peur ?
Qui a souvent eu peur mais ne veut plus… ?!
Cette intervention tente de renverser le camp de la peur,
ayez peur si vous voulez !
mais parlons de NOTRE PEUR à NOUS!!
Celle qui n’a pas de nom ou mille paradoxes, cette peur de rester chez soi et cette peur de sortir, cette peur d’être visible et cette peur d’être invisible, la peur pour les siens au pays et la peur pour soi ici, la peur de dire la vérité sur la réalité ici et celle de dire la réalité là-bas, la peur d’être jugé.e par les siens là-bas et les institutions ici, la peur de recevoir des coups, la peur aussi d’en donner – bien qu’on aimerait souvent leur casser la gueule, la peur de se défendre en disant qui on est et la peur d’être qui on est, la peur de l’arbitraire, de la loterie aux papiers et aux droits, la peur de leurs lois, la peur de l’incarcération, la peur de la torture, la peur de la déportation, la peur de la honte, la peur de la peur…
Les sans-papiers cumulent les syndromes PRé ET post traumatiques des violences institutionnelles (du CPAS soi-disant bureau d’aide sociale, aux avocats, aux hôpitaux, jusqu’au CGRA, à l’Office des Etrangers, au conseil du contentieux, au conseil d’état, …), la mécanique du découragement s’appuie sur des rouages bien huilés et propose même une case “prison en or” comme sortie, prison en or alias les centres fermés (déjà 6 sites depuis les années 80 et bientôt 2 nouveaux sortis de terre en 2024).
Les SANS PAPIERS seraient des gens SANS… SANS raison, sans logement, sans abri, sans intelligence, sans propreté, sans hygiène, sans gêne, sans “culture”… en réalité, entre vous et nous, dites-nous : qui a peur du vide finalement ? Ce vide qui correspond terriblement au quotidien des sans papiers, le vide du lendemain, le manque de sommeil, la vie sans goût, l’impossibilité de s’organiser à plus de 24h, la notion du temps « disparaît », tout est urgent et tout est chronique, le vide de la nuit quand ton corps ne vient pas au calme, que tu penses que seul le matin te “soulagera” mais tu penses à ta vie, tu vois ta situation, ta solitude, le soleil te demande de réfléchir mais tu n’as plus de quoi penser, ta tête est pleine et vide à la fois. Ce vide qui a le hoquet quand la sonnette retentit ou quand le téléphone sonne, ton avocat ou une cousine qui va faire du blabla mais qui n’arrange rien. Que répondre ? Rien de nouveau ou pas de nouvelle ? Toute mauvaise nouvelle peut surgir à tout instant, l’angoisse et l’anxiété deviennent tes confidentes, cette peur pour rien et pour tout.
De plus, nous, femmes sans papiers, subissons les manipulations émotionnelles, toute relation “amoureuse” devient une transaction. Soit la personne te rejette à cause de ton non-statut de femme sans papiers, tu serais une femme à problèmes, une femme en quête de statut, une femme sans…
Soit la personne l’accepte et décide d’affronter l’administration mais, là encore, l’institution te fait la guerre dans ton couple, dans ton lit.
De nombreuses femmes sans papiers subissent les violences verbales, des menaces, du chantage au logement, au travail, des violences sexuelles, les viols, et leur non-statut amplifie les violences puisqu’elles ne peuvent même pas porter plainte, en tant que femme, que femme non-blanche, que femme non-blanche sans papiers, donc une triple disqualification.
Bien sûr, la guerre aux sans papiers passe aussi par l’intimidation et les violences policières, soutenues par les services publics de transports et les divers agents de l’État toujours plus zélés que les oiseaux de mauvaise augure. La délation et les dénonciations sont devenues monnaie courante, comme en tant de guerre, de celles qui disent leur nom quand elles se jouent entre puissances qui se croient supérieures.
Une autre peur invisible est celle d’être déconnecté de SOI, de ce qui t’a formé.e, de ce qui t’a fait grandir, cette peur de perdre tes racines qui te sont reprochées. Ces frontières réelles et imaginaires te font perdre tes repères, ta culture des 2 côtés de la mer.
Après 5, 10 ou 20 ans sans papiers, le choix de ton identité devient impossible, ta source de vie est tarie. Et si finalement, tu n’obtenais pas tes papiers, si ça arrivait “trop tard”, combien de personnes sans papiers identifiées ou non, via un bête numéros à 11 chiffres meurent comme des soldats inconnus au front, avant la reconnaissance de leur légalité.
Malades, foux et folles, vieux et vieilles avant d’obtenir ses papiers… papiers qui, après tout ça, n’enlèvent même pas le racisme. Finalement, cette guerre silencieuse, sournoise est infinie, unilatérale, elle décapite l’avenir.
Pour citer le discours d’ouverture du BANDUNG en 1955, prononcé par le président indonésien Sukarno « Nous tous, (…), sommes unis par des choses plus importantes que celles qui superficiellement nous divisent ; nous sommes unis par exemple par la haine commune du colonialisme, sous quelque forme qu’il apparaisse ; nous sommes unis par la haine du racisme et par la détermination commune de préserver et de stabiliser la paix dans le monde. »
Mais pour nous, les sans-papiers, la paix intérieure est morte parce que quand la guerre fracasse la porte, la paix s’enfuit par la fenêtre.
NOTRE paix à nous a foutu le camp. Elle n’a pas de définition dans nos corps et nos récits depuis longtemps, ni au pays d’origine ni ici.
Quand tu demandes l’asile, tu crois encore en l’existence de la paix, mais c’est déjà un leurre, un mensonge grossier et tu la sens bien, la guerre froide, insidieuse, dissimulée sous les discours humanistes et progressistes.
Ce qu’il nous reste, à nous, femmes, enfants et hommes sans papiers, vivant ici et venant des Suds et même à présent du nord, c’est la lutte pour nos droits, par nous et pour nous, la lutte est sans relâche, sans victoire promise mais pas sans résistance. Demain le feu. Tout est prêt. Les pires conditions matérielles sont excellentes. Les bois sont blancs ou noirs. On ne dormira jamais.
- Véronique Clette Gakuba (guerre au Noirs / Négrophobie)
We want freedom : Une vie dans le parti des Black Panthers de Mumia Abu-Jamal – Octobre 1966 – Programme du Black Panther Party. - Ce que nous voulons, en quoi nous croyons.
- 1 Nous voulons la liberté. Nous voulons le pouvoir de définir la destinée de notre peuple noir. (…)
- 2 Nous voulons le plein emploi pour notre peuple. (…)
- 3 Nous voulons que le peuple noir ne soit plus volé par les capitalistes. (…)
- 4 Nous voulons des logements décents, dignes. (…)
- 5 Nous voulons pour notre peuple une éducation qui révèle la véritable essence de la civilisation américaine décadente. (…)
- 6 Nous voulons que tous les Noirs soient libérés du service militaire. (…)
- 7 Nous voulons l’arrêt immédiat des brutalités policières et des meurtres de personnes noires.(…)
- 8 Nous voulons la libération de tous les Noirs qui sont internés dans des pénitenciers et des prison Fédérales, d’Etat, de comtés et de villes. Nous pensons que tous les Noirs devraient être libérés, car ils n’ont pu bénéficier de jugements impartiaux et justes.
- 9 Nous voulons que tous les Noirs puissent être jugés par des jurés qui soient leurs égaux (…)
- 10 Nous voulons des terres, du pain, des logements, de l’éducation, des vêtements, la justice et la paix. (…) quand outrages et usurpations débouchent sur un despotisme absolu, il est du droit, il est du devoir du peuple de prendre des dispositions nouvelles pour sa sécurité absolue.
- Mouhad Reghif (guerre aux Arabes)
Mahmoud Darwich : Carte d’Identité dont beaucoup de poèmes sont publiés entre autres sur le site de la Plateforme Charleroi pour la Palestine et Bruxelles Panthères et moi envoyons des pensées et douas de protection vers Myriam et Jean-Marie, militants depuis des décennies pour la libération de la Palestine occupée charleroi-pourlapalestine.be/ et leur page Facebook.
Inscris
je suis arabe
le numéro de ma cartes est cinquante mille
j’ai huit enfants
et le neuvième viendra… après l’été
Te mettras-tu en colère
Inscris
je suis arabe
je travaille avec mes camarades de peine
dans une carrière
j’ai huit enfants
pour eux j’arrache du roc
la galette de pain
les habits et les cahiers
Et je ne viens pas mendier à ta porte
je ne me rabaisse pas
devant les dalles de ton seuil
Te mettras-tu en colère ?
Inscris
je suis arabe
mon prénom est commun
je suis patient dans un pays
bouillonnant de colère
Mes racines…
fixées avant la naissance du temps
avant l’éclosion des siècles
avant les cyprès et les oliviers
avant la croissance végétale
Mon père…
de la famille de l’araire
et non des seigneurs de Noujoub
Mon grand-père, un paysan
sans arbre généalogique
Il m’a appris les mouvements du soleil
avant la lecture
Ma maison
une hutte de gardien
faite de roseaux et branchages
Es-tu satisfait de ma condition ?
Mon nom est commun
Inscris
je suis arabe
cheveux… noirs
yeux… marron
signes distinctifs
sur la tête une keffiah tenue par une cordelette
Ma paume, rugueuse comme le roc
écorche la main qu’elle empoigne
Mon adresse :
je suis d’un village perdu, sans défense
et tous ses hommes sont au champ et à la carrière…
Te mettras-tu en colère ?
Inscris
je suis arabe
Tu m’as spolié des vignes de mes ancêtres
et de la terre que je cultivais
avec tous mes enfants
et tu ne nous as laissé
ainsi qu’à notre descendance
que ces cailloux
Votre gouvernement les prendra-t-il aussi
comme on le dit ?
Alors
inscris
en tête de la première page
Moi je ne hais pas mes semblables
et je n’agresse personne
Mais… si jamais on m’affame
je mange la chair de mon spoliateur
Prends garde… prends garde
à ma faim
et à ma colère
In La poésie palestinienne contemporaine. Abdellatif Laâbi. Le Temps des Cerisiers. 2002.
- Safa Chebbi
Poèmes choisis de Joséphine Bacon tirés de
Tshissinuashitakana / Bâtons à message.
Tshishikushkueu, tshetshishep, nueueshun tshetshi minunuin nimitimen, tshitshissinuatshitan nitashamat ka unamanishiuht kie nin miam nimushum. Metikat nipimuten ka uasheshkunishit kun takutakunat ka minin apitatshishikau-utshekataku Nititutaiku nete ka tat Papakassiku Uin nika mupimeiku shashakuaitsheiani.
Apu nanitam ntshissentitaman anite uetuteian muku peuamuiani nuitamakun e innuian kie eka nita tshe nakatikuian. Je ne me souviens pas toujours d’où je viens dans mon sommeil, mes rêves me rappellent qui je suis jamais mes origines ne me quitteront.
Nuitamakuti nuitsheuakan : « Tipatshimuipan a Tshimushum ?
Nutaui nitaiatshimushtakuti : « Kuekuatsheu tshiminikutan tshe ishinniuiaku . »
Mon ami m’a demandé : « Ton grand-père a-t-il raconté ? » Mon père a raconté : « Carcajou nous a enseigné notre mode de vie. » de l’art indiens indians indios Inter art actuel
Ma vie me parle D’où arrives-tu ? Je ne te vois plus sur ta terre, je ne t’attends plus quand tu rêves j’ai perdu tes traces où sont passés les chemins de portage ? On dévie tes rivières, les lacs crient et t’invitent à les secourir.
Papakassiku uetakussit apu tshekuan kanuenitaman tshimin tshitinikan nin, kanataut, apu apashtaian assiu-mashinaikan, nimitinikanishauen, tshin tshuitamun anite tshe ituteiat apu nita tshika ut niuniat. Tshitashaminan ninan ka shiueniat tshipapiunakaun muku nin nitshisseniten tshe kashinamuin. Nipuamunit tshuapamitin : nitshisseniten eshuapamin emushuat.
Aux nations iroquoiennes Fils de guerrier Moi, fils de louve moi, fils de guerrier fidèle à ma nation je l’ai vue s’effriter par des guerres perdues par des guerres gagnées victorieux, je suis de mon passé lointain mais vivant Moi, fils de louve moi, fils de guerrier j’ai vu mon désespoir prendre forme quand j’ai aperçu l’espoir de mon peuple voir ses mères se lever, dire aux fils: vous les guerriers, nous sommes là pour vous Mon clan est le loup mon clan est la tortue.
& OUANESSA YOUNSI
La fin du monde. Je guettais l’apocalypse, mes paumes en escalopes. Les éclairs se déversaient dans mon verre, je les buvais sans œsophage.
Parfois un vague oncle algérien m’appelait. Je ne répondais pas.
Un dromadaire de cendres franchissait le réel.
Je me taisais, attentive aux brasiers, aux météores et aux titans de haine.
Je m’endormais, convaincue d’être morte, surprise du souffle qui sifflait telles des munitions sur mes rêves.
Le lendemain, le monde existait encore, je n’existais plus.
J’éteignais des feux dans le salon.
Lorsque j’en enrayais un, un autre flambait dans un album de photos. Je ne trouvais pas d’extincteur.
J’enterrai le chat dans le piano.
Maman avait enlevé maman. Papa avait enlevé papa.
Et le sous-sol retenait mon frère en otage.
Je demandais pardon au passé.
J’attisais des feux dans le salon.
- Olivier Marboeuf (guerre a l’antiracisme politique)
« Nous sommes moins nombreux.
Nos mots sont en désordre. Une partie de nos paroles
L’ennemi les a tordues jusqu’à les rendre méconnaissables. »
– Bertolt Brecht
“King fut rendu socialement acceptable pour les Blancs et les élites noires. La doctrine de King, de la joue tendue et de la patience chrétienne, calmait les hantises des Blancs. Par dessus tout, le Docteur King était un homme sûr, aux yeux d’Américains attachés à leur confort.(…) Le système a récupéré les principaux thèmes non violents de Martin Luther King afin de protéger ses propres intérêt. Imaginez la plus violente nation de la Terre, héritière du génocide des Amérindiens et des Africains, la seule nation qui a largué des bombes atomiques sur des populations civiles, le plus grand marchand d’armes du monde, le pays qui a arrosé de napalm dix millions de Vietnamiens (afin de les « sauver » du communisme), le roi de l’enfermement – imaginez donc ce pays qui brandit le cadavre de King en appelant à la non-violence.”
Extrait En direct du couloir de la mort de Mumia Abu-Jamal freemumia.com/
A quelques jours de l’audience cruciale du procès en appel de Mumia (ce vendredi 16 décembre), l’Organisation des Nations Unis (ONU) a déposé un Amicus Curiae auprès de la juge Lucretia J. Clemons en charge de l’affaire. Vous trouverez en cliquant mumiabujamal.com/v2/category/actualite/ un résumé de cette intervention de la plus haute institution internationale en matière de respect des droits humains qui n’a certes pas autorité sur la justice américaine mais dont le poids moral et politique est un carton rouge aux discriminations racistes dont sont victimes les minorités aux États-Unis à l’exemple de l’affaire Mumia. (…) sortir Mumia de l’enfer carcéral dans lequel il survit depuis son arrestation …
C’était le 9 décembre 1981, il y a 41 ans !
- Collectif des Madrés (Latifa Elmcabeni)
collectifdesmadres.be/
ASFOUR – (hirondelle) Artistes : Marcel Khalife et Oumayma El Khalil youtube.com/watch?v=G4am4hY6bMY .
Version choisie pour le dimanche reprise par Yassine Alaoui & Rim: youtube.com/watch?v=eNoAiViCbMY&ab_channel=YassineAlaouiMusic فور طل من الشباك (‘Asfour Tall Men El Shebak) (traduction (approximative) en français)
- Comité Lamine Bangoura (Jean Pierre Bangoura)
Poème d’un résistant cubain “ELEGIE A EMMETT TILL” écrit en 1955. L’histoire est ancienne, le territoire transatlantique. Le corps mutilé d’Emmett Till, quatorze ans, de Chicago, Illinois, a été retiré du Tallahatchie, près de Greenwood, le 31 Août, trois jours après avoir été enlevé au domicile de son oncle par un groupe de blancs armés de fusils dit le journal The Crisis de NewYork en octobre 1955, voici ce qu’écrit Nicolas Guillèn en novembre.
A tout le monde, tandis que je lis, je vous demande de remplacer le mot Mississipi par Belgique et le mot N word écrit par l’auteur en noirs noirs
Dans l’Amérique des Yankee, la rose des vents a son pétale sud éclaboussé de sang. Il passe, le Mississipi, – le vieux fleuve frère des Noirs !-
vidant ses veines sur les eaux, il passe, le Mississipi.
Sa large poitrine soupire et sur sa guitare barbare,
en passant, le Mississipi verse de bien cruelles larmes.
Il passe, le Mississipi, il passe et il regarde, le Mississipi,
les arbres silencieux avec leurs nègres pendus, déjà mûrs,
il passe et il regarde en passant, le Mississipi,
les cagoules portant les trois lettres lugubres – en passant, le Mississipi –
et les hommes de la peur et du cri de haine – en passant, le Mississipi –
et le brasier nocturne : lumière cannibale éclairant la danse des blancs ;
et le brasier nocturne avec un éternel nègre qui brûle,
un nègre retenant enveloppé dans la fumée son ventre écartelé,
ses viscères humides et son sexe traqué, là-bas, dans le Sud alcoolique, là-bas, dans le Sud outrageant du fouet, – en passant, le Mississipi –. Aujourd’hui, ô Mississipi, ô vieux fleuve frère des Noirs !
Aujourd’hui un enfant fragile, petite fleur née sur tes rives,
qui n’était pas racine encore de tes arbres, ni tronc de tes forêts,
ni pierre de ton lit, ni caïman parmi tes eaux :
un enfant à peine est mort assassiné et solitaire, un enfant noir.
Un enfant avec sa toupie, avec ses amis, son quartier et sa chemise du dimanche et son billet de cinéma, et son pupitre et son ardoise,
et son encre et son encrier, et aussi son gant de baseball,
aussi son programme de boxe, aussi son portrait de Lincoln et son drapeau américain, un enfant noir.
Un enfant noir, assassiné et solitaire,
qui avait lancé une rose d’amour sur les pas d’une fille blanche.
Ô vieux Mississipi, ô roi, ô fleuve à la cape profonde !
Arrête ici ton cortège d’écume, ton carrosse bleuté que tire l’Océan :
regarde ce corps frêle, cet ange adolescent
et qui portait à peine refermées sur les épaules les cicatrices de ses ailes ; regarde ce visage au profil disparu, brisé à coups de pierre, à coups de plomb, à coups de pierre, à coups d’insulte, à coups de pierre ;
regarde la poitrine ouverte et le sang déjà pétrifié sur le caillot ancien.
Viens et dans cette nuit qu’éclaire une lune de catastrophe,
dans cette lente nuit des nègres aux souterraines phosphorescences,
viens et dans la nuit qui s’éclaire, dis-moi, dis-moi, Mississipi :
auras-tu des yeux d’eau aveugle et des bras de titan indifférents pour regarder ce deuil, ce crime, ce mort infirme sans vengeance, cadavre pur et colossal ?
Viens et dans la nuit qui s’éclaire, chargé de poings et chargé d’oiseaux, chargé de rêves, de métaux, viens et dans la nuit qui s’éclaire, ô vieux fleuve frère des Noirs, viens et dans la nuit qui s’éclaire, viens et dans la nuit qui s’éclaire, dis-moi, dis-moi, Mississipi…
Aussi un poème de David Diop:
Le temps du martyr
Le Blanc a tué mon père
Mon père était fier
Le Blanc a violé ma mère
Ma mère était belle
Le Blanc a courbé mon frère sous le soleil de route
Mon frère était fort
Le Blanc a tourné vers moi
Ses mains rouges de sang
Noir
Et de sa voix de maître
« Hé boy, un berger, une serviette, de l’eau ! »
sur un air de José Carlos Schwarz (rossiomusic.pt/fr/auteurs/776-jose-carlos-schwarz-2 )
Extrait d’un poème intitulé NOUS SOMMES LA MÊME FAMILLE, poème-chant sur la paix et l’unité nationale en Guinée, composée et clamée lors des remous politiques autour des élections de 2009, dans l’espoir d’éviter un carnage, qui a malheureusement eu lieu par après:
Verte Guinée qui m’a enfantée
Maintenant que ta Trompette de l’Unité a sonné,
Maintenant que le Rossignol de l’Amour a chanté,
Tes braves fils aspirent à une société sans violence
une société de tolérance,
le respect dans la différence…
Nous voulons la paix, l’amour et l’amitié réels!
Et jamais de champs de cadavres
Nous voulons la paix, l’amour et l’amitié réels!
Et jamais de cargos de blessés!
Nous voulons la paix, l’amour et l’amitié réels!
Et jamais de populations de mutilés!
Nous voulons la paix, l’amour et l’amitié réels!
Et jamais de veuves qui pleurent leurs maris tombés à la guerre!
Nous voulons la paix, l’amour et l’amitié réels!
Et jamais de mères qui pleurent leurs fils
Arrachés à leur affection par la guerre!
Nous voulons la paix, l’amour et l’amitié réels!
Et jamais de soeurs qui pleurent leurs frères,
Trop tôt fauchés par de balles assassines.
Nous voulons la paix, l’amour et l’amitié réels!
Et jamais de hordes interminables de réfugiés!
Nous voulons l’entente, l’harmonie, la concorde!
Nous voulons la paix! Simplement la paix! Rien que la paix!
Le meurtre de Lamine Bangoura par 8 policier.ère.s ne connaîtra pas de procès public. Les « parties civiles » sont condamnées à payer des dommages aux policiers.ère.s. Vingt-cinq pages de l’Arrêt de la Chambre des Mises en accusation (Cour d’Appel de Gand, Arrêt 2020/12/95, 16/03/2021) motivent le non-lieu. Cette impunité s’y articule comme un site d’une construction active de blanchité, mécanique de silences assassins où, à aucun moment, la vie de Lamine ne compte. Lamine Bangoura jeune d’origine guinéenne, 27 ans, fait une carrière professionnelle de footballeur au club Brugge. C’est lui et Shannon Eeckhout qui font les buts du club de Brugge, ce qui fait de Lamine une star locale du football. Il vit à Roelers, une petite ville flamande qui est longtemps restée très fermée sur elle-même. L’installation à Roelers, ces dernières années, de familles et de personnes d’origine étrangère correspond à une percée fulgurante de l’extrême droite (le Vlaams Belang, en 2019, y est représenté à 23,9% et la N-VA à 21,8%).
Du côté de Lamine, son statut de petite star s’accompagne d’épisodes de discrimination : il semblerait d’ailleurs que l’un des policiers présents au domicile de Lamine le jour où on lui ôte la vie est un policer avec lequel Lamine avait déjà rencontré des ennuis dans le passé ; des ennuis survenus à la suite d’une altercation causée par le refus de laisser entrer Lamine dans une discothèque. Le 07 mai 2018, Lamine Bangoura reçoit une visite domiciliaire destinée à l’expulser de son appartement en raison d’un retard de paiement (1.600 euros). La brutalité exercée par les policiers, ce jour-là, l’entraîneront jusqu’à la mort.
Quelques collectifs à soutenir de près et/ou de loin:
- comité Justice pour Lamine Bangoura facebook.com/people/Comit%C3%A9-Justice-Pour-Lamine/100068731903372/?paipv=0&eav=AfawLL_pD__Mi9er674x5zWgmpHmw1v1ikyGkVFVZ0R3Ky03LM_DWMjkondyoHynkJg&_rdr
- comité justice pour Adil: facebook.com/justicepouradilbxl/
- comité justice pour Mehdi: facebook.com/nousdemandonslajusticepourMehdi/
- gettingthevoiceout.org/ – Contre les centres fermés
- ep.cfsasbl.be/y-en-a-marre-yeam Y EN A MARRE!!! accompagner administraivement des personnes sans papiers dans leurs démarches
- facebook.com/comitefemmesSP/ comité des femmes sans papiers
- collectif des 100 diplomées: facebook.com/collectifles100diplomees/
- LaGrangePoint: lagrangepointsbrussels.com/
- …
Ali Aarrass est belgo-marocain. En 2008, il est arrêté par la police espagnole : on le suspecte de trafic d’armes pour un réseau terroriste. Son procès aboutit à un non-lieu, faute de la moindre preuve. Contre l’avis de l’ONU, l’Espagne accepte malgré tout la demande d’extradition du Maroc : en 2010, Ali Aarrass est transféré de l’autre côté de la Méditerranée. C’est la descente aux enfers : après 12 jours de torture, on lui fait signer un document qui deviendront ses « aveux ». Il est alors condamné à 15 ans de prison, la peine sera réduite à 12 ans en appel. La violence de ce qu’il a vécu – isolement, absence d’information, torture s’allie dans son histoire de vie à la persévérance et le courage de lutter pour obtenir justice de sa soeur, sa femme, sa fille et quelques soutiens d’ici et d’ailleurs.
Saïda Menebhi naît à Marrakech en septembre 1952. Elle étudie la littérature anglaise à l’Université de Rabat et milite au sein de l’UNEM (Union Nationale des Etudiants du Maroc). A la même époque, elle adhère au syndicat pour lutter au sein de l’Union Marocaine du Travail et rejoint l’Organisation Marxiste-Léniniste IIal Amam (« En Avant »). Le 16 janvier 1976, elle est arrêtée en même temps que trois autres militantes : Rabaea Ftouh, Pierra Di Maggio et Fatima Oukacha. Elle est jetée en prison à Derb Chrif et y subit des tortures physiques et psychologiques. En janvier et février 1977, avec 138 militants marxistes-léninistes inculpés d’atteinte à la sûreté de l’Etat, elle est condamnée lors du procès de Casablanca à cinq ans de détention ferme, plus deux ans pour outrage à magistrat. Sous les applaudissements, elle dénonce plus particulièrement la situation d’oppression que vivent les femmes au Maroc. Après une grève de la faim collective de 40 jours, qui débute le 10 novembre 1977 dans les prisons de Casablanca et de Kénitra, afin de réclamer le statut de prisonnier politique, Saïda Menebhi meurt, faute de soins, le 11 décembre, à l’Hôpital Averroès de Casablanca.
Le poème présenté a été écrit durant sa détention :
Fasciste Fasciste
Mille fois fasciste
Un million de fois
Je voudrais le répéter
Que je serai rassasiée
Je suis un volcan en activité
Et mes laves
Sur tous les fascistes de Pinochet
Je veux les cracher
Fascistes et peureux
Si vous croyez nous avoir
C’est plus de force que nous avons
Quant vous nous réprimez
La porte en bois est insuffisante
Mettez donc un mur
c’est tout à fait admissible
Etant donné votre nature
Mais la honte sera sur vos fronts
Demain lorsque nous vaincrons
Les mots m’échappent
Comme un feu
Et me brûlent les lèvres
Criez n’acceptez plus
Vous qui êtes là
derrière la porte en bois
Nous nous continuerons
A combattre à refuser
Jusqu’à l’abattoir et nos têtes
Sur la lame
Et jamais jamais
Dans nos yeux ils verront
La crainte
Jamais la maladie du silence
Ne nous atteindra
Vous mes sœurs
Troupeaux de bêtes
C’est cela que vous semblez
Et moi les mains liées
La gorge nouée, la nausée me prend
De tous les fascistes et leurs pions
Oh vous qui ne comprenez pas
Je me sens fatiguée
Les épaules courbées
Par trop de souffrance
De privation et de répression
Mais nos pensées et l’envie de lutter
Ni les années de prison
Ni leur porte de bois
Et leurs griffes
Ne me les enlèveront
Je mourrai marxiste-léniniste
« ..انا اليوم في السجن يا امي كي لا يكون السجن غدآ.. »
سعيدة المنبهي (…)
Nous marchions
La tête haute, le regard perdu
Tu parlais d’un monde merveilleux
Qui viendrait car nous le voulons
Dans ce monde, disais-tu
Les enfants ne connaitront plus la misère
Les mamans n’abandonneront plus leurs bébés
Les femmes ne seraient plus battues
Méprisées, avilies
Nous marchions encore et toujours
Comme des fous et des damnés
Lorsque nous sommes arrivés
Déjà je rêvais
Nordine Saïdi
« Je ne suis pas un homme à développer,
mais à prendre ou à laisser »,
– Sony Labou Tansi.
Léonard Peltier – Péché « aboriginel »
Nous naissons tous innocents.
Nous devenons tous coupables.
Dans cette vie tu deviens coupable d’être toi.
Être soi-même, c’est ça le Péché « aboriginel »,
Le pire de tous les péchés.
C’est un péché que l’on ne te pardonnera jamais.
Nous les Indiens sommes tous coupables,
Coupables d’être nous-mêmes.
On nous enseigne cette culpabilité dès la naissance.
Nous l’apprenons consciencieusement.
A chacun de mes frères et à chacune de mes sœurs
Je dis,
Sois fier de cette culpabilité.
Tu n’es coupable que de ton innocence,
D’être toi-même,
D’être indien,
D’être humain.
Être coupable te rend sacré.
& qqs courts poèmes de Kateb Yacine
(en écho vivant avec l’essai Rester Barbare de Louisa Yousfi)
J’ai plongé dans le néant
Et aujourd’hui je suis renaissant
Hier j’étais dans l’abîme
Demain je serai grandissime
Étranger est l’Éternel, ed. Edmond Chemin, 2016.
Descendons dans les rues
Beaux et complètement nus
C’est ainsi en étant à notre avantage
Que nous obtiendrons le meilleur éclairage
Chantons à haute voix sur les toits
N’attendons pas d’être aux abois
N’attendons pas que le destin nous dérange
Nous ne serons jamais des anges
Prenons-le à bras-le-corps
Défions même la mort
Allons jusqu’au bout de nos rêves
Là où jamais ils ne s’achèvent
Celui qui connaît la vérité ne cherche pas à plaire
Encore moins à se satisfaire
Il vit spontanément
Il peut être avide et violent
Ou tout donner avec une douceur merveilleuse
Sa sincérité est toujours prodigieuse
Éclats de miroirs, ed. Edmond Chemin, 2019.
Kateb Yacine est un poète rebelle. Plus de 20 ans après sa disparition, il occupe en Algérie la place d’un mythe national et reste aussi l’une des figures les plus importantes et révélatrices de “l’histoire” franco-algérienne. Témoin de la répression sanglante des manifestations du 8 mai 1945 à Sétif, il publie ses premiers poèmes l’année suivante : »Soliloques ». Dix ans plus tard paraît son roman Nedjma (1981). À partir de 1959, il écrit surtout pour le théâtre : Le cercle des représailles, L’homme aux sandales de caoutchouc, Mohammed, prends ta valise, La guerre de 2000 ans, Palestine trahie, Le polygone étoilé et L’œuvre en fragments.
Houria Bouteldja
middleeasteye.net/fr/opinion-fr/14-juillet-1953-le-massacre-doublement-occulte-des-travailleurs-algeriens-paris (Montreuil)
(Bruxelles) lalibre.be/regions/bruxelles/2022/02/08/le-buste-du-general-storms-devrait-etre-prochainement-deboulonne-MC7LJWMN2BEGPMVIZEIQ5D2K6I/
(Harlem / NYC)
LES MASSACRES DE JUILLET, PAR JEAN SÉNAC.
Pour la fête des hommes libres
ils ont massacré mes amis
peau brune sur les pavés gris
ô Paris comme tu es triste
triste et sévère pour ma race
Voici l’arbre sans racine
voici l’écorce frappée
la fleur fermée le fruit brûlé
et ton grand soleil humide
liberté
Fallait-il fuir l’injustice
la plaie ouverte dans le douar
le soleil et la faim d’Alger et de Tunis
pour la liberté de Rochechouart
O mon peuple trompé
frustré jeté dans l’ombre
mon peuple saccagé dans son tranquille espoir
violent naïf mon peuple d’hommes
qui perds le coeur la mer et qui trouves le noir
Il faut rester debout tandis qu’on te déchire
droit dans les néons puisque l’on t’avilit
ce goût de laurier-rose et ce sang qui sourit
c’est la liberté froide de Paris
Tu la ramèneras comme une pure abeille
elle fera le jour dans la chaux des maisons
elle écrira pour tous la paix sur les saisons
ô fraîche ô compagne joyeuse
Cet été la mort est notre salaire
notre pain notre dignité
camarades la mort et sous vos paupières
le matin juste de Juillet
Ils ont massacré mes amis
ils ont relevé leur Bastille
ils ont fusillé la flamme et le cri
Ô Paris comme tu es triste
Le sang cacté couvre la Seine
Paris de la Beauté de la justice de la peine
Comme tu es triste et sévère pour les exilés ! »
Alger, le 14 juillet 1953.
Paru dans « L’action poétique n°5 », juillet 1956
Manuscrit du poème / Fonds Jean Sénac.
- François Makanga
Écrits pour la parole de Léonora Miano:
« Le plus terrible pour les vaincus, pour la descendance des vaincus, ce n’est pas la défaite, ce n’est pas tant la défaite que de constater avec une amertume sans cesse accrue, que les vainqueurs, les descendants des vainqueurs sont de bien tristes sires, qui baragouinent le français, ne prient pas ce dieu au nom duquel les divinités du Pays Premier furent jetées aux ordures, Le plus terrible pour la descendance des vaincus c’est de devoir accepter l’idée que leurs aïeux aient été subjugués, humiliés, dominés, injuriés, écrasés, massacrés par des prestidigitateurs, des menteurs, ils étaient roublards, armés sans le moindre scrupule même quand ils parlaient du Christ mais enfin ils ne pouvaient être plus grands que ceux qu’ils ont engendrés. »
& résumé de Rouge impératrice de la même autrice: Le lieu : Katiopa, un continent africain prospère et autarcique, presque entièrement unifié, comme de futurs Etats-Unis d’Afrique, où les Sinistrés de la vieille Europe sont venus trouver refuge. L’époque : un peu plus d’un siècle après le nôtre. Tout commence par une histoire d’amour entre Boya, qui enseigne à l’université, et Illunga, le chef de l’Etat. Une histoire interdite, contre-nature, et qui menace de devenir une affaire d’Etat. Car Boya s’est rapprochée, par ses recherches, des Fulasi, descendants d’immigrés français qui avaient quitté leur pays au cours du XXIème siècle, s’estimant envahis par les migrants. Afin de préserver leur identité européenne, certains s’étaient dirigés vers le pré carré subsaharien où l’on parlait leur langue, où ils étaient encore révérés et où ils pouvaient vivre entre eux. Mais leur descendance ne jouit plus de son pouvoir d’antan : appauvrie et dépassée, elle s’est repliée sur son identité. Le chef de l’Etat, comme son Ministre de l’intérieur et de la défense, sont partisans d’expulser ces populations inassimilables, auxquelles Boya préconise de tendre la main. La rouge impératrice, ayant ravi le cœur de celui qui fut un des acteurs les plus éminents de la libération, va-t-elle en plus désarmer sa main ? Pour les « durs » du régime, il faut à tout prix séparer ce couple…
- Omar Jabary Salamanca
La majorité des auteur.trice.s de ce livret peuvent être commandés-achetés dans (au moins) 3 super librairies bruxelloises:
- Les météores rue Blaes (1000 Bxl)
- Pépite blues , rue Anoul (1050 Bxl)
- Ici sont les lions, rue haute (1000 BXL)
À l’époque où les européens partaient par bateaux coloniser d’autres continents, ils embarquaient des cartographes chargés de relever le tracé des “nouveaux mondes”. Les bateaux longeaient les côtes, et les cartographes parvenaient à retranscrire la silhouette des continents ; mais au cœur du continent, là où ils n’avaient pas mis les pieds, le papier demeurait vierge, laissant une tache blanche au beau milieu de leurs relevés. « Terra Incognita », inscrivirent certains cartographes, signalant qu’ils ne savaient rien de ce qui pouvait se trouver là.
Mais d’autres préférèrent y dessiner des chimères nées de leur imaginaire, ou encore y écrire, entre autres variantes : « Hic sunt Leones », littéralement « Ici vivent les Lions » en latin.
Mercis à Aliette Griz, Soledad Kalza, Léïla Duquaine, Valentine Bonomo, Modou Ndiaye, Faiza Hirach, Anissa Rouas, Norma Berardi, Nordine Saïdi, Mouhad Reghif, Khalid Derouich, Bilal Robin, François Makanga, Gia Abrassart, Lisette Lombé, …
pour leurs soutiens et contributions.
Milady Renoir