Une grande chance d’être invitée en Ayiti mi septembre pour un premier festival de poésie organisée par la belle équipe de Loque Urbaine.
(Calligramme, en forme de K, du poète haïtien Jean Metellus (1937-2014) qui en est extrait. Il fait parler les membres du Ku Klux Klan.)
» En Haïti, la poésie demeure le genre littéraire majeur. Dany Laferrière disait que « c’est un pays où l’on doit justifier sa vie en publiant au moins un recueil de poèmes ». Une enquête menée par le journal Libération auprès de la Bibliothèque Nationale d’Haïti, révèle qu’entre 1985 et 2013 la production en poésie a plus que triplé, passant de 15 à 57 recueils par année. Et encore reste-t-il que bon nombre de publications n’ont pas fait l’objet de dépôt légal. James Noël a réuni dans l’Anthologie de poésie haïtienne contemporaine (Points, 2015) 73 poètes vivants ! Une énième preuve que « le peuple haïtien est un peuple de poètes », comme on peut lire dans la préface de cet ouvrage.
L’idée de proposer un festival de poésie en Haïti vient du fait qu’il n’y existe à ce jour, malgré la floraison de poètes dans le pays, quasiment aucun événement de grande envergure dédié à la poésie et que l’accès aux œuvres des poètes contemporains reste encore très limité sur le territoire national. Transe Poétique s’établit ainsi comme le premier festival international de poésie contemporaine à Port-au-Prince. Ayant lieu chaque année en septembre, cet événement est conçu dans la perspective d’encourager la création poétique dans le pays, y diffuser la poésie contemporaine et faciliter la rencontre avec d’importants poètes de notre génération. Constitué d’un ensemble de créations originales, le festival évoque la poésie par le biais de différentes disciplines artistiques (photographie, cinéma, graphisme, performance, théâtre, musique, etc.). Il fait également place à des rencontres (avec des poètes et des acteurs pour la poésie), des ateliers de création, et se veut un haut lieu de la poésie contemporaine en Haïti. »
C’est à l’invitation du poète et directeur artistique Jean d’Amérique que j’arpenterais les lieux de poésie, d’ateliers d’écriture poétique et de rencontres aux côtés de Lisette Lombé, Antoine Boute, Jean-Pierre Siméon, Makency Orcel, Coutechève Lavoie Aupont, Gaëlle Bien-Aimé, Mehdi Etienne Chalmers, Mélanie Godin et d’autres…
Ce festival a besoin de soutien, autant poétique que financier que médiatique, n’hésitez pas à faire circuler l’affaire. Voici la note d’intention de Jean d’Amérique:
« L’espace du poème se donne au grand large, c’est peut-être le plus libre des élans de résonance humaine, on ne saurait le réduire à l’étroitesse d’une encre et d’un bout de papier. Il faudrait y voir l’adresse organique et chaude d’une poignée de main, l’heureuse incandescence éprouvée au contact du monde de l’autre, l’infroissable cri d’amour qui se déploie entre les cœurs, la tendresse des lauriers qui imprègne nos regards, l’étendue d’une bonté signée entre le chant simple du vent et l’hospitalité des collines. Il faudrait y voir cette parole de main vierge qui sans faille conte nos caresses. Il faudrait y voir beauté, cette belle révolte qui nous appelle inlassablement.
Il n’est nul doute, sommes-nous persuadés, que l’état si désolant du monde actuel est le résultat d’un manque de poésie. Nous croyons en ce que celle-ci peut apporter de lumineux à la vie, à l’humanité. Nous articulons ce festival comme une grande campagne pour inviter le monde à une quête de beauté absolue que nous croyons ultime, fondamentale. Nous dédions cette vaste action poétique à sensibiliser le public à l’urgence de renouer avec le soleil humain. C’est dans cette perspective que nous inaugurons le festival Transe Poétique sous le thème « La poésie sauvera le monde », phrase ardente que nous empruntons à Jean-Pierre Siméon, poète invité d’honneur de cette première édition. Du 18 au 21 septembre 2019, nous vous invitons au grand bal des poèmes dans la ville de Port-au-Prince.
Voici s’ouvrent les fenêtres, le jour brûle ses premières notes et un chant fleurit à l’horizon, il ne manque que nos êtres pour rendre à la vie sa poésie.
Jean D’Amérique
directeur artistique – Transe Poétique »
L’affiche est réalisée par Samuel Suffren, d’après une toile de l’artiste Pascale Monnin.
Je co-animerai un atelier d’écriture poétique avec Lisette Lombé et partagerai une scène avec Antoine Boute et Lisette Lombé.
Les textes que je pense lire, écrire pendant ce moment précieux seront en partie inédits, reliés à la position de témoin des réalités des exilé.e.s forcé.e.s que je côtoie avec lutte et rage et solidarité à Bruxelles et d’autres lieux jamais communs. J’y tenterais aussi de prendre non pas la voix d’autres mais la parole pour / au service de celles et ceux déshumanisé.e.s dans les bas-fonds européens de l’éthique politique. Il y serait aussi question de points de croissance, de résistance et d’Eros, quelque part où le corps ne ploie pas.
J’espère déjà – quand même – encore – pas le choix.